Jean-Sébastien Bach : Matthäus Passion – BWV244 – Passion selon Matthieu (1)

Il s’agit d’un oratorio (du latin orare : parler, parler comme un orateur) qui se distingue de l’opéra par l’absence de mise en scène, de costumes et de décors.

Le livret est essentiellement le texte attribué à Matthieu, à savoir le premier des quatre évangiles  (du grec eu-angelia : heureux message – les anges sont des messagers), écrit dans la seconde partie du 1er siècle et qui raconte la passion (arrestation, crucifixion) de Jésus.

Bach (1685-1750) a ajouté des textes dont la nature sera précisée un peu plus loin.

Il a composé la musique de cet oratorio – pour orchestre, chœurs, solistes – entre 1720 et 1736, seize années pendant lesquelles il a retouché sa partition, jusqu’à la forme définitive que nous connaissons.

L’exécution de l’œuvre dure près de trois heures.

Ma version de référence est celle qui a été enregistrée en 1998 par Philippe Herreweghe avec le Collegium Vocale Gent (installé à Gand – Belgique) et éditée par Harmonia Mundi. Une mention spéciale pour celle de Michel Corboz (Ensemble vocal et Orchestre de chambre de Lausanne – 1983 – Erato) entendue, il y a un certain nombre d’années, au festival de la Chaise-Dieu.

La problématique que je propose est celle du rapport entre le discours du livret et celui de la partition, autrement dit, savoir si la musique est un accompagnement du texte qu’elle soutient, ou si elle dit autre chose ou aussi autre chose. Tel est l’enjeu pour cet oratorio qui, excepté le moment de sa création, n’est pas liturgique mais interprété en concert en tant qu’œuvre profane.

L’œuvre de Bach fut pratiquement ignorée de son vivant hors d’Allemagne (il y était connu plutôt en tant que virtuose), puis tomba après sa mort dans l’oubli quasiment complet ( j’y reviendrai) avant une lente redécouverte commencée au 19ème siècle, grâce à Felix Mendelssohn qui dirigea précisément cet oratorio.  

Il est devenu une des œuvres majeures du répertoire et Bach est considéré par beaucoup comme le compositeur le plus important : ainsi, il est le seul pour lequel France-Musique continue de réserver, et depuis des années, une émission hebdomadaire dans ses programmes. Une manière de signifier que l’écoute de ses compositions est inépuisable.

Le récit de cet oratorio est d’ordre dramatique et tragique : il commence au moment de l’arrestation de Jésus, trahi par l’un des siens (Judas), et se termine par la déposition de son corps dans un sépulcre après sa mort sur la croix, un supplice réclamé par les autorités religieuses juives au préfet/gouverneur romain de Judée (Pilate) pour cause de blasphème – Jésus se déclare fils de Dieu.

Le récit est constitué de récitatifs – le récitatif, entre parole dite et chant, est une déclamation qui accentue l’intonation de la phrase – confiés à l’ « évangéliste », un ténor. Les personnages qui interviennent sont : Jésus, ses disciples Judas (qui le livre) et Pierre (qui le renie), Pilate, les responsables religieux (le grand-prêtre Caïphe, les Pharisiens – groupe religieux très attaché à la lettre de la religion), la foule des juifs, les soldats.

Entre les événements, sont intercalés des dialogues également en mode récitatif, des arias (airs) chantés par des solistes, des chorals (une création de la liturgie protestante : des textes dans la langue du pays chantés par des chœurs) interprétés ici par deux chœurs  ; les textes de ces chorals sont empruntés par Bach à divers auteurs et ils expriment, à la manière du chœur antique, les réactions de la communauté chrétienne allemande d’alors, sous la forme de déploration, d’apitoiement, de prière, de méditation,  le dénominateur commun récurrent étant la culpabilité.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :