« Plusieurs milliers de personnes dans la rue contre les violences policières. A Paris, Rennes, Bordeaux ou Lyon, des marches étaient organisées à l’initiative du Réseau d’entraide vérité & justice, qui regroupe une trentaine de familles de victimes. (A la Une du Monde – 21.03.2021)
Ma contribution, suivie d’un dialogue (prenez votre temps !) :
Longtemps, la contestation (grève, syndicat, manifestation) de l' »ordre » pour lequel l’Etat lève des « forces » a été interdite : qu’est-ce que le processus qui a conduit à sa légalisation a modifié du concept d' »ordre », pour ceux qui le garantissent et ceux qui le contestent ? La violence sans mesure de la répression (cf. éborgnement de GJ, entre autres), « signifie » l’importance de ce qui est en jeu dans la contestation actuelle, même sous les formes les plus triviales des Césars. Le mouvement des GJ (il n’est pas terminé), parti d’une question financière, est le signe d’une dépression qui touche aux fondements non de la République, mais de l’équation (qui nous constitue) du capitalisme (être=avoir plus) dont les « solutions/réponses » de contournement (paradis sur terre ou dans l’au-delà) sont obsolètes. D’où l’importance de la peur/angoisse et le développement de l’idéologie d’extrême-droite qui joue à l’ »apprenti sorcier » comme on se jette dans le vide par peur d’y tomber.
>> J’échange parfois avec un contributeur (pseudo furusato) que le mouvement « woke » indispose beaucoup. Dans un échange précédent, je développais l’idée qu’il est un mode et qu’il faut décrypter ce dont il est le signe. Il avait compris que je l’assimilais à une mode.
Ma réponse ;
> « Mode » que j’utilise (débat précédent) est au masculin : expression d’un problème = woke (qu’on le critique ou l’approuve) est le signe à décrypter d’un problème. Comme ce nouveau débat. Problème : qu’est-ce que l’ « ordre » pour lequel l’Etat recrute des « forces » ? Pourquoi sa contestation longtemps refusée (interdiction de la grève, des syndicats, des manifestations) est peu à peu devenue légale, qu’est-ce que cette évolution a modifié du concept et quelle nouvelle contradiction a-t-elle produite (ce dont nous débattons aujourd’hui, notamment >les Gilets Jaunes). Au fond quel est l’objet de cet espace de discussion ? S’en tenir à l’expression des affections (défouloir) comme le font beaucoup, ou bien tenter de faire fonctionner sa raison en cherchant les rapports de causalité (même si on ne les trouve pas), autrement dit s’intéresser aux processus et à la dialectique qui en est souvent le moteur. Nous sommes dans une période de glissement idéologique. D’où l’importance de la raison »
Sa réponse :
« Une mode et un mode effectivement : le une dans certains esprits et c’est logique car l’infusion se fait souvent par la presse people masquant le un. De quoi ce mode est-il la tentative performative, réussie sur les campus américains et nombre de réseaux d’enseignements dont et c’est très importants des réseaux concernant de jeunes enfants ? Signe d’une manière de précéder, avec l’alibi de toute une série de problèmes réels, l’effondrement de la majorité actuelle, encore composée de populations blanches majoritaires mais pour peu de temps et de commencer à établir de nouveaux dominant. C’est en cours. Le woke a intégré /cimenté divers dispositifs élaborés/testés par d’autres mouvements : comme la politique des quota .C’est précisément sa capacité à réunir de façon cohérente des propositions tactiques dans une stratégie de réduction à la claque ou au silence les adversaires qui fait sa force . Je me borne à cela faute de place .Pour l’instant.
Ma réponse
> « Effondrement » témoigne à mon sens plus d’une peur que du réel. Le « souci de ma vieille patrie et ma descendance », dites-vous, pour légitime et respectable qu’il soit, ne s’appuie-t-il pas sur un « invariant » qui n’existe pas ? La patrie (voyez aussi quels errements le mot a justifiés) est une réalité en construction permanente. Je ne pense pas que les frontières et la couleur de peau soient déterminantes, ni que les particularismes culturels soient des obstacles, « en soi ». Ce qui importe ce sont les rapports construits. Or, le rapport historique de notre pays avec l’Afrique ou les Orients, c’est la conquête, la domination, l’exploitation des ressources et des hommes. Nous soutenons des régimes corrompus et continuons l’exploitation des ressources. Je pense qu’il est devenu indispensable d’exposer cette problématique pour comprendre et modifier ce qui conduit à de tels rapports. C’est cela dont le woke, ici et aux USA, est le mode, qui peut être contestable, d’expression.
Sa réponse
« C’est bien pourquoi JPP je suis pour que nous ayons le moins de rapports possibles avec le continent proche, nos élites favorisent ce qu’elles trouvent là-bas : des régimes corrompus .A ma connaissance aucun ouvrage de poids sur la corruption comme fonction d’ajustement social étendu dans des pays presque sans Etat ou avec des Etats captifs de clans ou de compromis ethniques instables de pouvoir. Ceci pour me situer. Je vois que vous partagez, peut-être inconsciemment, l’idéologie de l’homo oeconomicus ** : un consommateur est un consommateur, une source de profit potentielle incorporée est une source de profit incorporée (compte l’emploi de ce corps).Que vous étendez généreusement au futur d’une France majoritairement colorée autrement. Dans votre optique il n’y a évidemment jamais effondrement d’un société puisque les habitants initiaux auraient-ils été éradiqués par l’âge ( pour prendre une option soft ) on serait toujours dans le même cours civilisationnel un rien modifié. »
** « homo oeconomicus » : « Sujet conçu par l’analyse économique comme un être agissant de manière parfaitement rationnelle. » (Larousse)
Ma réponse :
>Sur quelle base culturelle et politique sont constituées les élites ? Et « ce qu’elles trouvent là-bas » n’est-il pas en partie inscrit dans les rapports historiques dont je parle ? Ce qui m’importe (non je ne suis pas dans « l’homo œconomicus » et ce n’est pas la générosité qui me guide mais une éthique) ce sont les constructions de rapports. Le réel dont nous parlons est ce que nous décidons d’en faire, hier comme aujourd’hui. L' »éradication d’une population » via les immigrations n’est-elle pas un fantasme – rappelez-vous le « péril jaune » ? Autrement dit, nous mettons en route, plus ou moins consciemment, des processus, principalement économiques, qui ont des impacts profonds et de longue durée. Nous en sommes responsables (= réponse donnée à une question). Ce sur quoi j’insiste c’est sur la nécessité d’en parler, autrement dit de ne pas considérer l’effet-immigration – problématique, bien sûr- comme la cause qu’il n’est pas. La dérive idéologique qui exploite la peur commence là.
Sa réponse :
« Les paramètres actuels de la démographie d’une part du continent proche et francophone de plus indiquent que, au contraire du péril jaune, nous ne sommes nullement dans les fantasmes : ici je suis frappé par le caractère abstrait non référé aux traits d’époque de votre discours. La transformation en cours, déjà importante dans l’hexagone et que l’on va dire euphémisée autant que faire ce peu par les élites est pourtant une indication , le camouflage médiatico-politique étant un indice d’impotence à l’arrêter et de craintes dans l’entre-soi. Quant aux pratiques des dominants africains qu’on devait il y a bien longtemps ne pas approcher sans des cadeaux elles sont documentées dès les premiers contacts avec les Européens. Je vous recommande l’ouvrage ( universitaire ) excellent de Randy J Sparks paru chez Babelio .Je ne vous en fournis pas le titre il comporte un mot que le logiciel. de contamination woke du Monde considérerait comme enfreinte. »
Ma réponse
>Le péril jaune que j’évoquais avait pour les convaincus la même évidence que le « grand remplacement ». Ce que je discute c’est : proximité + surpopulation + migration (africaines) + islamisme = remplacement. Cette équation dénote une pensée linéaire sous-tendue par une intentionnalité supposée. D’une part, ceux dont nous parlons ne quittent pas leur pays par plaisir ni par esprit de conquête, d’autre part les accueillir, par défaut, dans ce contexte (dont nous avons une part de responsabilité) est inopérant. Pour résoudre la contradiction, je pense qu’il faut inclure dans la dialectique l’explication du fait colonial et de ce qui le sous-tend. Autrement dit, l’équation capitaliste. C’est en quoi le problème migratoire n’est pas un problème en soi mais un des modes d’expression de la dépression que nous vivons. Si la peur est légitime, elle n’est jamais une réponse. Autrement dit, le discours d’effondrement de civilisation est une question d’éthique.
Sa double réponse :
« J’aime bien nos sauts argumentaires .Commençons par l’essentiel : oui le problème de fond est l’évolution vers le capitalisme financier tel que nous le connaissons dans sa phase de globalisation qui continue l’exploitation du profit incorporé sous deux formes, en faisant venir et en allant exploiter sur place ( voir les ateliers asiatiques ).Cependant cette version pertinente simplifie cependant et dénie toute autonomie à ceux qui viennent pour se promouvoir économiquement chez nous et chez eux ( retourner comme big man au village ou au quartier ) et dénie le fait qu’ils ont leurs leaders dont les intentions à notre égard ne sont pas si neutres que celle du simple immigré économique. A partir d’un certain moment qui croise les idéologies woke et l’indigénisme ( c’est presqu’ un pléonasme ) on peut soutenir que l’immigration devient un processus partiellement indépendant sous la forme d’une implantation culturellement autre et corrodante : cela se déroule sous nos yeux. »
« Je vais épuiser mes cartouches* pour répondre au restant de votre argumentation .D’abord le problème du péril jaune, comme représentation fantasmée, est plus complexe que vous le supposez puisqu’il inclut non seulement l’immigration de travail + les triades sur la côte ouest US vers la fin du dix- neuvième mais l’image de la Russie de l’époque et ses hordes tatares ( ceci reparaît continûment, en particulier chez Céline après 45 ). Cette immigration chinoise est très concentrée géographiquement et ne pose de problème qu’à partir du moment où apparaissent deux facteurs/ 1 / les coolies ont eu pour fonction de déblayer le terrain avant l’arrivée des colons or ceux -ci sont des travailleurs blancs 2 / ils se sont mis à exploiter eux-mêmes les opportunités minières et là cela indispose les élites locales qui veulent conserver la plus-value qui y est liée .D’où retournement des élites, excitation des prolos blancs. Nos élites sont en phase 1 : favorables aux arrivées. »
* chaque intervenant peut envoyer une contribution et trois réponses.
Ma réponse, publiée entre les deux siennes (problème de timing)
>« Le problème de fond est l’évolution vers le capitalisme financier(…) » dites-vous. Je le considère comme un des modes (nécessaires) du capitalisme tout court. Le problème de fond est pour moi ce qui génère le capitalisme, sous toutes ses formes, socioéconomiques, industrielles, financières… et individuelles. Tous ces modes de son expression ont, en leur temps, généré et continuent à générer des critiques qui ont vu dans tel ou tel « le » problème de fond. C’est un discours qui tourne sur lui-même sans jamais déboucher sur une solution de rechange, comme si nous étions condamnés (par notre essence ?) à fonctionner selon l’équation capitaliste, comme si l’effort pour « persévérer dans son être » (Spinoza) se réduisait à la seule question quantitative [j’ajoute : la possession] et à colmater les brèches. Ce qui donne à l’immigration une allure d’autonomie est le résultat de cette carence. Si on veut inventer une nouvelle réponse (elle n’existe pas encore), il faut inventer un nouveau discours.
Sa dernière réponse :
« Je complète : éliminons d’abord le cependant en trop. Quand je dis que nos élites sont en phase 1 : favorables aux arrivées je dois indiquer plusieurs éléments : 1/ je parle d’élites qui sont transnationales et supranationales ( institutionnalisées donc comme l’ONU, l’Unesco, l’OCDE, la Commission européenne, etc ) et qui ont leurs relais chez nous 2 / l’acceptation des élites locales est maintenant liée à certaines formes d’impotence imposées par les formes internationales donc ambiguë 3 / ce processus dure bien + longuement que la phase chinoise du dix- neuvième, chez nous depuis grosso modo cinq ou six décennies . Le mouvement dont nous parlons a soutien du bas, addition de micro-décisions dans les pays de départ, du haut dans les pays d’arrivées ( ex : le travail des ONG pour ramener, des recruteurs industriels auparavant ), du haut dans les pays de départ : manne en vue .Donc le voir comme inconscient est en partie erroné, il est très organisé politiquement. »
Ma dernière réponse :
>Nous divergeons dans la philosophie de l’analyse. Je suis d’accord, pour l’essentiel, sur le descriptif des modes (un erratum dans le précédent « tous les modes » !) de fonctionnement. Avec une différence sur le degré de maîtrise des processus. Ce qui m’intéresse le plus aujourd’hui – si vous voulez plus de détails vous prenez mon prénom vous le faites précéder de, le blog de, vous mettez des tirets partout et vous ajoutez point com à la fin**– ce sont les rapports de causalité parce qu’ils sont le mieux à même d’éviter le pire, c’est-à-dire l’instrumentalisation de la peur (esprit/pensée) et des angoisses (corps > individus/collectivités). Voyez cette question de la mosquée, l’expression d’un problème de fond ( !) mal géré, qui conduit à des violences, pour le moment verbales, parce que la cause n’est pas abordée dans le cadre de la problématique de la laïcité… qui conduit à distinguer l’usage de savoir et croire, au rapport commun/individu, à l’objet. Au système lui-même.
** il est interdit de donner des adresses de blog… d’où la ruse !