« Une vingtaine d’élus seulement ont confronté, mercredi, le ministre de la santé, Olivier Véran, à une série de questions sur « la troisième voie », l’instauration d’un futur passeport sanitaire et la lenteur de la campagne de vaccination. » (A la Une – Le Monde – 25.03.2021)
Deux contributions :
« Triste à voir. Que la gestion d’une crise sanitaire ne puisse pas se faire en ergotant sans fin dans des débats stériles où le but principal est de s’opposer pour exister, admettons. Mais qu’on n’arrive pas à lever l’opacité des conseils de défense et à avoir à la sortie un retour clair sur les paramètres pris en compte et leurs poids respectifs, ça c’est insupportable. Il ne doit pas y avoir des tonnes de scénarios pour s’en sortir, si déjà on pouvait en confronter quelques-uns (tous prenant en compte tous les paramètres), ce serait pas mal. Ce qui implique de collaborer de tous bords dans un esprit constructif, mais c’est un doux rêve, manifestement. »
« La crise a mis la démocratie en piètre état. Si aucun député n’avait été présent, l’image aurait été encore plus parlante. »
La mienne
Objets possibles du débat relatif à la démocratie :
1° le fait que l’écrasante majorité des contributeurs choisissent l’anonymat – ce qui conduit à s’interroger sur la conception de la responsabilité et sur la critique adressée aux élus dont l’absence est souvent dénoncée. L’absence physique n’est-elle pas un peu comme l’absence de nom ? Hum… Que le journal l’autorise est un élément de la question.
2° la stratégie de lutte anti-covid reposant sur la vaccination dont nous ne maîtrisons ni la fabrication ni l’approvisionnement, il serait peut-être souhaitable de débattre de la nécessité de développer la coopération scientifique entre les Etats, in fine du rapport privé/commun dont la prise en compte (du commun) est, sur cette question majeure, et sur d’autres, déterminée par des intérêts privés.
3° sur le fait que le 1° ne va pas susciter une approbation enthousiaste ni générale et un grand nombre d’arguments expliquant pourquoi on ne peut s’exprimer sous son nom sans danger.
Deux réponses :
« Si vous avez un nom rare voire rarissime, vous êtes plus facilement repérable que si vous vous nommez Jean-Pierre Dupont ou Michel Durand. »
» @Jean-Pierre vos propos sont faux car mes commentaires engagent ma responsabilité. Sauf que quand envoyer un CV peut se conjuguer au futur, tenir des propos à son nom est de l’inconscience. Enfin, j’en ai un peu marre de ces retraités, fonctionnaire ou CDI qui demandent la levée de l’anonymat aux autres, telle Marie Antoinette disant de manger de la brioche au peuple qui manquait de pain.«
Ma réponse :
J’entends bien. Une précision : je suis toujours intervenu sous mon nom, en toute connaissance des risques qu’il m’est arrivé de devoir affronter. C’est, de mon point de vue, un problème de responsabilité (= réponse adéquate à ce qu’est le débat). Ne pensez-vous pas que le problème se poserait différemment si l’anonymat était refusé ? Autrement dit, est-ce que l’anonymat ne « pervertit » pas le débat dans le sens où il autorise une forme de discours qu’on reconsidèrerait s’il était interdit ? Je pense à certains propos violents, lapidaires. Parler à visage découvert conduirait peut-être à reconsidérer la manière dont on s’exprime et réduirait sans doute les risques que vous évoquez.
>Réaliste : mon propos n’est pas « faux », il est discutable. Ce n’est pas la même chose. Et si vous deviez vous exprimer sous votre nom, vous pèseriez peut-être davantage vos mots. Quant à la comparaison : voulez-vous dire que votre survie économique dépend de votre anonymat dans la tribune du Monde ?
Autre réponse…
« Je ne pense pas que signer vos interventions de votre nom leur donne un poids particulier. La Relativité Générale n’a pas besoin d’être signée « Einstein » pour être une théorie valide-jusqu’à-preuve-du-contraire. Quant à vos bonnes idées sur la coopération scientifique entre états, elle est une réalité depuis des lustres, même du temps du bloc socialiste. Vous enfoncez des portes ouvertes. Il faut que les labos détenteurs des vaccins utilisent les usines de ceux qui sont en capacité de les produire. Parce que, voyez vous, un vaccin, ca ne se fabrique dans une cuisine. Et là encore, ces accords ne nous ont pas attendus : Oxford et AstraZeneca; BioNTech et Pfizer. SANOFI était aussi en pourparlers. Si Spoutnik est validé, la question sera encore plus vivace : espérons que malgré les cris d’orfraie, un labo aura gardé un peu de sa capacité de production pour l’accueillir. Sinon, on pourra toujours débattre. »
… et ma réponse :
>Je préfère parler de responsabilité plutôt que de « poids ». Encore que… Comment expliquez-vous l’exigence assez répandue de la signature ? Est-ce qu’Einstein ne s’engage pas en signant sa théorie (et voyez la réaction nazie à son égard) ? Mais ce n’est pas vraiment le sujet : il est question, ici, du seul débat d’idées, et vous ne répondez pas à la question du rapport entre ce qu’on dit, la manière dont on le dit, et la signature. Quant à la coopération, j’entendais à midi des informations relatives à la répartition qui indiquent le contraire. Enfin, je n’ai pas l’impression que ma suggestion de coopération de recherche et de fabrication « enfonce une porte ouverte » si je regarde le réel. Je sais qu’il faut plus d’une « cuisine » (voyez le ton de votre réponse… sous couvert d’anonymat ?) mais en quoi une coopération ne pourrait-elle concerner les labos et des chaînes de fabrication ? Et que vient faire ici le bloc soviétique ? Un lapsus ? Vous pourriez préciser ?
Une autre réponse…
« @Jean-Pierre: aucun doute sur le fait l’anonymat désinhibe, que ne plus le permettre aurait pour résultat de responsabiliser les contributeurs et que nous verrions alors très certainement le volume de propos inutilement agressifs largement réduits (au passage, par contre, je ne vous suis pas sur la comparaison entre l’absence des députés et l’anonymat). Le revers serait que beaucoup s’autocensureraient, et le politiquent correct, le consensuel, seraient sérieusement avantagés. Aucune de ces deux options n’est idéale. On peut déplorer l’anonymat, mais n’idéalisons pas sa suppression. »
… et la mienne :
Le « hum »indiquait une petite pique destinée aux critiques de l’absentéisme apparent. Je ne me « suis »pas non plus. A mon tour de ne pas vous suivre sur le politiquement correct et l’autocensure. J’interviens sous mon nom, je ne m’interdis rien ni dans la critique ni dans les idées que je propose. Je n’en fais ni une preuve décisive ni, à plus forte raison un idéal. Simplement, je suis surpris de la violence fréquente, souvent lapidaire des affections, des opinions « brutes » substituées à la pensée et à l’échange d’idées. Il me semble que la signature met un miroir devant soi et oblige à regarder ce que l’on dit non pour censurer, mais pour le dialogue. Je suis d’accord avec vous, ce n’est pas une baguette magique. Disons une aide. Et puis, avec un peu de distance, quel est le sens de ce catalogue de paroles écrites par… personne. Il y a là , je trouve, quelque chose de triste. [C’était ma dernière cartouche. Il y aurait à dire sur cette limitation…]