« Les républicains ont choisi le parti contre le pays et le clanisme contre la République. » (Editorial – à charge – du Monde – 16.02.2021)
Cette affirmation reflète plus une conception morale qu’une analyse de la nature de ce parti.
D’abord, une remarque qui n’est peut-être pas inutile malgré son évidence apparente : comme son nom l’indique, « parti » (cf. partie/partition > latin parire : produire, enfanter > parents) ne représente pas le tout et un parti politique rassemble une partie de la population qui s’oppose à une autre. Quand un parti dit qu’il vise l’intérêt du pays dans sa totalité, c’est pour tenter de lui imposer sa propre conception politique.
En l’occurrence, le parti républicain est la représentation politique de la partie du pays soumise aux « passions capitalistes », exacerbées depuis quatre ans par D. Trump (élu pour ça) sous les formes de suprématisme, racisme, machisme, couplés au nationalisme. Il a donc « normalement » voté contre la culpabilité, autrement dit pour l’ancien président en tant qu’il est encore le porte-parole de cette partie du pays (74 millions d’électeurs) que représente ce parti.
Qu’il y ait eu, en son sein, des « cas de conscience », explicites ou pas, ne peut se substituer à ce qui en constitue l’ADN.
Un parti politique n’est jamais que l’expression du choix que nous (individus et sociétés) faisons de traiter les affects (ce que nous recevons de l’extérieur). En faire, pour reprendre la terminologie de Spinoza, des « passions tristes » (diminution de la puissance d’exister qui peut conduire au pire) ou de « passions joyeuses » (augmentation de cette puissance), tel est l’enjeu qui peut expliquer la dualité politique* en démocratie (le 3ème parti n’étant le plus souvent qu’embryonnaire), plus généralement, la différence entre droite et gauche (les diverses formations partisanes n’en sont que les expressions nuancées), sans que l’une et l’autre ne soient séparées par des cloisons étanches ni tout à fait homogènes : en tant qu’individus et société, nous sommes tous à la fois droite et gauche. C’est nous qui choisissons laquelle doit être dominante.
*La probabilité de deux partis de droite aux USA – un parti « trumpiste » à côté du parti républicain – paraît faible, du moins dans la durée.
A ceux qui s’attendaient à une guerre civile au sein du parti républicain, la réaction fulgurante contre les sept sénateurs qui ont voté pour condamner Trump pour incitation à l’ insurrection montre que le Parti républicain appartient toujours à Trump et aussi longtemps qu’il le veut. Selon un nouveau sondage de l’Université de Quinnipiac 75% des républicains veulent que Trump continue à «jouer un rôle de premier plan dans le Parti républicain», et 87% disent qu’il devrait être autorisé à «occuper des fonctions à l’avenir». Une enquête récente de Morning Consult montre également que Trump est loin devant ses rivaux dans un match hypothétique en 2024, avec 54% de soutien contre 12% pour le finaliste, Mike Pence. Donc, deux partis républicains ? Nenni.
J’aimeJ’aime
Merci… à suivre.
J’aimeJ’aime