Mercredi 27 : elles ont donc perdu contre les joueuses allemandes. Deux manières de jouer si différentes qu’elles posent la question de la nature du jeu. Il n’est peut-être pas inutile de rappeler qu’en latin, jocus, d’où vient jeu, désigne la plaisanterie (cf. joke en anglais) et que ce que nous appelons jeu (sportif), les Romains l’appelaient ludus, dans le sens d’amusement (cf. ludique), mais aussi de plaisanterie et… d’école : le ludus magistri romain est notre maître d’école. S’amuser à l’école ! Il faut oser.
Jeu, c’est aussi, en mécanique, un espace entre deux pièces qui leur donne une certaine liberté de mouvement. J’aime bien ce sens appliqué au jeu de football.
La conception du jeu des Allemandes – elles ne plaisantent pas, elles – ne permettait aucun jeu dans le sens ci-dessus : d’abord, elles étaient toujours deux ou trois autour de la « porteuse du ballon » (est-ce qu’on ne devrait pas dire plutôt « pousseuse du ballon » ?) et elles « jouaient des mécaniques » pour l’empêcher de « jouer », et puis on entendait presque grincer leurs articulations tant elles manquaient de jeu, toujours dans le sens ci-dessus, sans parler des autres (sens). C’est efficace du point de vue du résultat, oui, mais du point de vue du plaisir, c’est autre chose.
Je vous entends protester que je suis partisan, chauvin, tout ça. La preuve incontestable que je ne le suis pas, est que, pour moi, la meilleure équipe est celle des Anglaises et que j’eusse beaucoup aimé (notez : conditionnel passé deuxième forme – la première : j’aurais aimé – très peu usité, quand même très séduisant, dans le genre, « j’eusse aimé deux cents grammes de moins de choucroute », non ? enfin, si on achète de la choucroute, sinon on peut remplacer par les pois cassés), j’eusse aimé, disais-je donc, les voir jouer avec les Françaises. Je vous entends ! Eh bien non : je ne suis pas en Irlande du nord – là, vous pourriez à juste titre m’accuser d’opportunisme-putassier en quelque sorte – mais en République d’Irlande ! Et aussi j’aime bien les opéras allemands ! Et aussi les würste mit kartoffel und bier. Enfin, pas tous les jours. Alors, vous voyez bien !
Donc, samedi, je souhaite que le jeu des petites Anglaises l’emporte sur l’absence de jeu des grandes du continent. Ça n’a pas de rapport, mais j’aime bien les mélodies des hymnes anglais et allemands. Je ne parle pas des paroles. Ni de celles de La Marseillaise. Entendre les joueuses chanter « qu’un sang impur abreuve nos sillons » a quelque chose de surréaliste. Franchement, abreuver les sillons….
Jeudi 28 : après la parenthèse de deux années ouverte par le virus et qui n’est toujours pas refermée, nouvelle visite d’Inishmore (Inis Mor) une des trois îles d’Aran au large du Burren dans la baie de Galway. Une météo idéale, des vélos à n’en plus finir sur les minuscules routes de l’île, des murets de pierres sèches à n’en plus finir non plus, des églises ruinées entourées de tombes aux croix celtiques, une home made soup (je relis attentivement… made, oui, c’est bien ça) avant d’entreprendre la montée vers le Dun Aonghasa (un fort lui aussi de pierres sèches, noires, construit vers le 5ème siècle avant notre ère au bord de falaises impressionnantes).
Vendredi 29 : les nuages, le vent et la pluie alternant avec les rayons de soleil sont les bienvenus pour cette journée de repos physique.
A la Une du Monde, deux articles m’ont donné envie d’intervenir.
L’un sur la réception ostentatoire du prince saoudien Mohammed Ben Salman par E. Macron. Les protestations morales de certains politiciens et de lecteurs m’ont incité à poser cette question : « Quel rapport entre politique et morale ? »
L’autre sur la réorganisation du groupe Orpéa dont la gestion des Ehpad a provoqué le scandale qu’on sait, avec cette réflexion proposée : « Le problème : traiter la vieillesse dépendante par la rentabilité. »
Ah, la vacance…