E. Macron et l’Algérie

« Quand l’Elysée organise une rencontre, le 30 septembre, avec dix-huit jeunes issus des différents groupes liés à la mémoire de la guerre d’Algérie – petits-enfants de pieds-noirs, de soldats, de harkis, de militants FLN et de juifs d’Algérie –, le chef de l’Etat saisit l’occasion pour délivrer un message sans aucune ambiguïté. Une fois évoqués « les souffrances » et « les traumatismes » transmis aux héritiers de la tragédie de la guerre (1954-1962), il émet des jugements jamais entendus dans la bouche d’un président français contre un « système politico-militaire » à Alger, qui, à l’en croire, s’est « construit sur la rente mémorielle » et « la haine de la France ». « On voit que le système algérien est fatigué, le Hirak [mouvement de protestation] l’a fragilisé, ajoute M. Macron. J’ai un bon dialogue avec le président [Abdelmadjid] Tebboune, mais je vois qu’il est pris dans un système qui est très dur. » (A la Une du Monde – 04.10.2021)

Ma contribution

Dans ce contexte, ce n’est pas tant le contenu du discours qui importe que celui qui le prononce. Qu’il existe une « rente mémorielle » n’est pas discutable, mais que la formule ait été prononcée par celui qui sait pertinemment qu’elle ne peut pas être entendue/écoutée par ceux à qui elle est adressée pose un problème. Comme en son temps la qualification de la colonisation de « crime contre l’humanité » qui est, si on veut bien regarder de près, un non-sens. Quant à la réconciliation évoquée par certains elle présuppose une entente préalable qui n’a jamais existé. Conciliation serait donc plus appropriée. Enfin, que l’Algérie soit une construction récente n’implique pas qu’elle n’existe pas en tant que nation. On ne s’en sortira pas tant que la question essentielle ne sera pas posée : qu’est-ce qui – en deçà des motifs conjoncturels bien connus – conduit un pays à envahir par la force un autre pays pour le soumettre à ses propres lois, croyances, manière de vivre etc.

 Une 1ère réponse :

« Concernant l’Algérie, la France n’a pas envahi ce pays, il n’existait pas. Elle a botté le derrière des Turcs pour prendre sa place et redessiner un territoire selon ses envies. Les peuples locaux n’étaient pas une variable de l’équation. Depuis 62, ils ne le sont toujours pas. Les Kabyles sont le seul peuple préexistant à tous ces empires qui se sont succédé en Afrique du Nord. C’est aussi celui que la clique au pouvoir ne veut surtout pas reconnaitre. Que la nation algérienne se construise sur son indépendance, c’est son intérêt. Mais pas en instrumentalisant les Algériens de France ni pour le profit inique de vieillards milliardaires. »

Ma réponse :

Entre 1830 et 1962 s’est construite peu à peu une réalité nationale dont témoignent la naissance et le développement de la lutte pour l’indépendance. Une construction nationale est toujours le résultat d’un processus.

Un 2ème réponse :

« Il faudrait poser votre question à la Turquie, qui, avec son ancien empire ottoman, a une bien plus large expérience que la France [dont la présence en Algérie relève de l’anecdote comparée à la colonisation ottomane (1512-1830). »

Ma réponse :

Vous soulignez une différence de type quantitatif, mais ce n’est pas l’objet de ma contribution qui pose la question de la causalité. Qu’elle soit turque, belge, espagnole, arabe ou française, peu importe. Quel est le dénominateur commun, propre à notre espèce ?

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