L’écoanxiété des jeunes

« D’après une étude approuvée par la revue « The Lancet Planetary Health », 45 % des jeunes sondés dans dix pays affirment même que l’écoanxiété affecte leur vie quotidienne. « J’ai grandi dans la peur de me noyer dans ma propre chambre. » Comme Mitzi Jonelle Tan, une défenseuse de l’environnement de 23 ans qui vit aux Philippines, un pays particulièrement exposé aux typhons et à l’élévation du niveau des mers, de plus en plus de jeunes sont profondément inquiets du changement climatique. Ils n’ont plus confiance en l’avenir, se sentent trahis, impuissants face à la crise environnementale et à l’inaction des gouvernements. Voilà les conclusions de la plus vaste étude jamais réalisée sur l’anxiété climatique chez les jeunes, qui montre pour la première fois que la souffrance psychologique liée au climat est plus importante lorsque les individus jugent inadéquate la réponse des gouvernements. » (A la Une du Monde -14.09.2021)

Une réaction :

« Il y a l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’ours. Il y a le commentateur qui a commenté le commentateur qui a commenté le GIEC. Je lis le GIEC, je vois des données chiffrées avec intervalles de confiance sur les estimations d’évolution du climat et de divers sujets de préoccupation. Je lis un premier commentateur, je vois un résumé du genre « la science annonce des catastrophes sans précédent ». Je lis un second commentateur, je vois un résumé du genre « apocalypse 2050, pourquoi l’humanité peut disparaître à court terme ». Un des ferments de la peur est le refus de la pensée analytique sur les problèmes et de la discussion démocratique sur la priorisation des problèmes, la diffusion d’une angoisse indistincte « c’est l’horreur » qui ne produit pas grand chose d’utile et rien d’efficace. Combien de ces jeunes ont une formation scientifique de base qui incite à toujours cadrer les phénomènes dont on peut parler avec pertinence, sans recours à une pensée symbolique généralisante ? »

Une réponse :

« Le problème dans votre raisonnement, c’est que quand on regarde les choses avec une pensée analytique, scientifique et pertinente, ça fait encore plus peur ! »

La mienne :

Plus qu’à une « formation scientifique de base », je pense plutôt à une formation philosophique depuis le tout premier âge : apprendre à penser pour définir et inclure le savoir scientifique dans la pensée de ce qui est l’essentiel : nous avons la conscience que nous allons mourir (les animaux l’ont aussi, sans doute aussi les plantes, sur un mode qui leur est propre) et – c’est ce qui constitue la spécificité humaine – la conscience de cette conscience. Nous savons que nous savons. Pourtant, il n’existe aucun enseignement à l’école de ce qu’est la mort « telle qu’elle est » (le cadavre) parce que la peur de ce savoir conduit à croire (foi, religions). Qu’est-ce qui pourrait conduire à décider cet apprentissage – indéniablement scientifique de base – sinon, et dès l’école maternelle, celui de la pensée relative à ce qui nous différencie radicalement des autres espèces ? En d’autres termes, la science peut servir de dérivatif. Il y a des savants croyants. Un oxymore significatif.

Et ma contribution :

Si on considère le réel commun (mutation climatique, pandémie) et si on ajoute les problèmes liés au passage à l’âge adulte, ce sondage semble probant. La différence avec les périodes de guerre évoquées par certains, est que la guerre met aux prises, pour un temps qu’on sait limité même s’il est long, des ennemis aux visages identifiables dont on sait aussi que l’un vaincra l’autre. Le changement climatique et les virus ne sont pas des ennemis que l’on peut combattre en rase campagne et ils ont pour caractéristique importante l’absence de visage et de durée. Autrement dit, c’est la totalité de l’espèce qui est en danger et, pour le moment, le seuil à partir duquel l’adulte découvre que son malaise était celui de la transition, « normal » en quelque sorte, n’existe plus.

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