Le manifeste européen de Slavoj Zizek

L’analyse que propose le philosophe slovène (Le Monde du 14.05.2021) met en cause les  diverses idéologies (incarnées notamment par B.Johnson, V.Poutine, M. Salvini, V. Orban et aussi par « les racistes pro-immigration, les progressistes sud-américains… ») selon lesquelles la cause des maux serait « l’eurocentrisme », « l’individualisme européen » dont la pandémie, via la vaccination, souligne les carences.

Il répond ainsi : « Oui, l’Europe est un concept complexe traversé d’une foule de tensions, mais il nous faut faire un choix clair et simple : l’ « Europe » peut-elle encore être ce que Jacques Lacan appelait un « signifiant maître », un de ces mots capables de dire la lutte pour l’émancipation ? (…) Il ne fait aucun doute que c’est de l’intérieur que vient la menace la plus visible contre cette puissance émancipatrice, de ce nouveau populisme de droite qui entend détruire cet héritage émancipateur et pour qui ne doit exister qu’une Europe d’Etats-nations voués à préserver leur identité particulière. »

Après avoir rappelé les dérives, incarnées principalement par D. Trump (parlant  de Kamala Harris, l’ex-président déclara : « C’est une communiste. Elle n’est pas socialiste, elle est bien au-delà. Elle veut ouvrir les frontières pour laisser entrer les tueurs, les assassins, les violeurs dans notre pays »), il conclut :

« Devons-nous, pour autant, jeter toutes nos forces dans la résurrection de la démocratie libérale ? Non, car, à certains égards, Trump et Orban ont raison : la montée du nouveau populisme est un symptôme des failles du capitalisme libéral et démocratique, tels que Francis Fukuyama les avait théorisés avec sa Fin de l’histoire, en 1989. Avec Trump et ses acolytes, l’histoire a fait son grand retour et, pour sauver ce qui mérite de l’être dans la démocratie libérale, nous devons nous déplacer vers la gauche et vers ce qu’Orban, Trump et les autres décrivent sous le nom de « communisme ».

Ceux qui lisent le blog ne s’étonneront pas que je pointe ce qui me semble être la question essentielle, ignorée par S. Zizek via les deux qualificatifs « libéral et démocratique » appliqués au capitalisme.

Autrement dit, est absente l’idée-même que le capitalisme en tant que tel puisse être remis en cause… comme si le fiasco des expérimentations communistes jouait le rôle d’un interdit castrateur.

Absence d’autant plus remarquable que l’article commence par un rappel de l’incipit du Manifeste du Parti communiste de Marx et Engels dont S. Zizek propose un pastiche, remplaçant «spectre du communisme » par « spectre de l’eurocentrisme ».

La référence à Lacan pourrait laisser supposer que cette absence, introduite, si j’ose dire, par la référence au Manifeste,  est l’expression d’un lapsus.

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