Israël-Palestine… et deux dialogues

« Quatre jours après le début des affrontements entre Israël et le Hamas, l’escalade militaire ne faiblit pas, jeudi 13 mai. L’armée israélienne poursuit sa campagne de bombardements aériens sur Gaza après une nouvelle nuit de violences. Ces raids ont fait au total 83 morts, parmi lesquels 17 enfants, et près de 500 blessés, selon le Hamas.En Israël, 7 personnes ont été tuées, parmi lesquelles un enfant et un soldat, et des centaines ont été blessées dans les tirs de roquettes. » (A la Une du Monde – 13.05.2021)

 Ma contribution

Manifestement, l’Etat d’Israël ne  s’autorise pas à vivre sans être/se mettre en danger. D’où, après la violence de la création de l’Etat, le besoin de guerre permanente avec les Palestiniens. Sinon, comment comprendre une stratégie qui ne peut conduire qu’à l’affrontement et qui y réussit très bien depuis des décennies ? Parallèlement, les Palestiniens ne parviennent pas à constituer une unité fondée sur un discours politique susceptible d’imposer la reconnaissance d’un Etat palestinien. Le fait géopolitique absurde de Gaza est le signe  de ces deux problèmes existentiels dont les ultra-nationalistes/orthodoxes juifs et  le Hamas  sont les symptômes les plus aigus. La communauté internationale qui aurait les moyens d’imposer une cohabitation de deux Etats, alimente au contraire,  notamment via la politique états-unienne,  cette double pathologie. La question, dès lors, concerne la signification des bénéfices négatifs qu’en retirent les uns et les autres.

Une réponse…

« La signification des bénéfices négatifs qu’en retirent les uns et les autres. » Depuis 100 ans, les événements s’inscrivent dans la dynamique du projet israélien. D’abord un conflit pour créer un Etat israélien (impossible de créer un tel Etat sans déclencher une guerre) ensuite la guerre pour assurer la domination de cet Etat sur la région. Il y a donc une volonté de rejeter la population indigène (les Palestiniens) et une volonté de dominer la région. De Gaulle avait compris cette tendance quand, en novembre 1967, à propos de l’Etat israélien, il a parlé d’un « Etat guerrier résolu à s’agrandir ». Le problème est qu’en autorisant pour une durée indéterminée (et donc illimitée) l’Etat israélien à occuper les territoires conquis en 1967, la résolution 242 du CS de l’ONU l’a encouragé à perpétuer l’occupation et à s’agrandir. Les bénéfices négatifs sont jugés négligeables par les décideurs israéliens et occidentaux qui ont tous les pouvoirs. »

… et la mienne…

La question que je me pose concerne à la fois  la nature de ce qui avait incité De Gaulle à dire cela (et aussi « peuple d’élite sûr de lui-même et dominateur ») et ce qui conduit à un tel choix de vivre dans le conflit permanent. En d’autres termes, qu’est-ce qui empêche le peuple israélien de choisir une autre voie ? Rien (à part la tentative d’Yitzhak Rabin, assassiné par un Israélien dont je dirais qu’il représente cette pulsion problématique)  n’est entrepris pour tenter de  guérir les traumatismes des événements que vous rappelez, bien au contraire. Bref, comment un peuple peut-il accepter de vivre ainsi dans une telle insécurité et au prix de tels coûts, surtout humains (ce que j’appelle bénéfices négatifs) ? Ma question, d’ordre existentiel, vaut aussi pour les Palestiniens. On peut observer ce type de scénario chez des individus qui s’évertuent à se faire mal.

…suivie de sa réponse…

« Qu’est-ce qui empêche le peuple israélien de choisir une autre voie ? ». 1. La seule autre voie, c’est de modifier totalement le projet israélien, renoncer à l’exigence d’un « Etat juif », accepter de coexister avec les Palestiniens dans un Etat unitaire, égalitaire, non identitaire. En effet, c’est bien le projet israélien qui est à l’origine du conflit, ce projet a toujours traité les Palestiniens en ennemis (donc cercle vicieux), par ex. en s’alliant à l’occupant britannique (1917) qui était leur oppresseur. Il faut renoncer à l’exigence d’un « Etat juif » car un tel Etat ne peut que discriminer les non juifs comme un « Etat blanc » ne pourrait que discriminer les non blancs. Rabin a appliqué une stratégie de ghettoïsation des Palestiniens, son objectif était donc de les opprimer, pas de respecter leurs droits. 2. Tous les gouvernements occidentaux soutiennent aveuglément le projet israélien, les Israéliens ne voient donc aucune raison de changer de projet. »

… et de la mienne.

Vous établissez un « impossible » entre Etat Juif et Etat Arabe à partir d’un autre impossible entre Etat Blanc et Etat Noir qui me paraît infirmé par la coexistence entre des Etats qui ont de telles différences. Je pense plutôt qu’il y a dans l’histoire respective des uns et des autres  un interdit qu’ils ne veulent pas regarder. En quoi le mauvais qu’ils vivent  peut-il être préférable au bon que permettrait une coexistence ? Et que représente ce problème pour les Etats extérieurs ? C’est la pérennité de la situation qui me conduit à ce type de questionnement. Elle n’est sans doute pas la seule dans le monde, mais elle atteint un tel point de non-sens qu’elle est énigmatique.

Réponse d’un autre contributeur…

« Indépendamment de la flambée de violence actuelle, quelle différence entre les Aborigènes, les Amérindiens, les Ouïgours, les Rohingyas et les Palestiniens ? Sans oublier de nombreux autres peuples. ».

… et la mienne

Il faudrait examiner le processus de la colonisation israélienne, voir dans quelle mesure elle est inscrite  dans le projet initial.  La particularité de ce conflit est qu’il pourrait contenir et « signifier » la question enfouie de l’antisémitisme historique  toujours pas résolue. Il n’est à mon sens qu’une des expressions mortifères (racisme, esclavage, colonisation, xénophobie, discrimination dépréciative…  dont celle qui vise les Arabes) de la spécificité de notre espèce (le double discours biologique + conscience de notre fin)  que l’humanité ne parvient pas à aborder autrement que par des stratégies de contournement (d’où le rapport à l’objet sous l’angle capitaliste = accumulation > fantasme d’immortalité). Juifs et Arables pourraient bien être les acteurs d’une tragédie qui les/nous dépasse et qui joue le rôle d’une pseudo catharsis.

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