Candidatures de gauche (suite) et ailleurs.

Un autre commentaire à ma contribution (cf. article précédent) :

« Parmi les 450 partis politiques qui existent en France (source CNCC 2017), il n’en est pas un qui ne sente occuper « un créneau » comme vous dites. Pas un qui ne se sente légitime à défendre ses idées (et accessoirement à essayer de capter une partie des indemnités et subventions publiques). Est ce suffisant pour en conscience politiquement se présenter à tout prix ? Non. Sauf à ce que l’intérêt d’une faction passe avant le pays. En 2002, Taubira a dit qu’elle était prête à se retirer «Si on m’avait dit qu’il y avait un risque, si on avait discuté et si on m’avait convaincue, j’aurais pu me retirer.» L’erreur est donc bien celle ci : sous-estimer comme vous le faites la division de la gauche. La division c’est l’échec assuré. Roussel fera perdre non seulement Mélenchon mais toute la gauche. Macron n’a même pas à essayer de dynamiter la gauche comme il le fait à droite. Elle le fait toute seule. »

Ma réponse :

« La gauche se « dynamite » toute seule par les candidatures ? Ou bien en sont-elles surtout l’expression ? Ce que Ch. Taubira n’a pas mesuré, ce n’est pas le poids de sa candidature, mais le degré du manque de poids de celle de L. Jospin. C’est l’insuffisance de son discours et de ses actes qui l’a conduite à se présenter en pensant que son électorat pèserait « après ». Peu nombreux étaient ceux qui admettaient la faiblesse du discours de gauche de L. Jospin. Relisez ce qu’il disait de son programme « non socialiste » de son refus d’assumer son histoire trotskiste : signes quand même de dérobades confirmées par son action à Matignon. S’il y avait, aujourd’hui, un discours de gauche – il y en a un possible mais il touche à l’équation capitaliste (être = avoir plus) encore considérée comme taboue – la question des candidatures ne se poserait pas dans ces termes. Cf. 1981, mais l’espace imparti ne permet ni de développer ni de continuer la discussion. »

1981 : il y avait à gauche, F. Mitterrand, G. Marchais, A. Laguillier, M. Crépeau. Tous les sondages indiquaient que le second tour opposerait V. Giscard d’Estaing (J. Chirac était loin) et F. Mitterrand, et il ne faisait aucun doute non plus que G. Marchais et M. Crépeau appelleraient à voter pour lui. Autrement dit, les  candidatures communiste et radical de gauche venaient compléter le discours de gauche du candidat socialiste en ce sens qu’ils étaient  le rappel du programme commun entre les trois partis, abandonné depuis 1977.

                                                          ***  

Par ailleurs, sous le titre « Quatre ans après son échec à la présidentielle de 2017, Marine Le Pen reconstitue lentement son capital politique » Le Monde publie (10.05.2021) un article sur M. Le Pen qui souligne un paradoxe :

« Selon une étude Kantar Public pour « Le Monde » et Franceinfo, 42 % des sondés estiment que le RN ne représente plus un risque pour la démocratie. Mais le parti et sa candidate sont toujours jugés peu capables de gouverner. »

Ma contribution :

Le FN/RN, une des formes d’expression de nos peurs individuelles et collectives, ne dispose pas d’un capital « politique » mais électoral, et il ne propose pas des « idées » mais une exploitation de passions subies, en l’occurrence tristes. Ce sont ces passions qui gagnent un nombre important d’électeurs angoissés que séduisent les thèmes simplificateurs vieux comme le monde du danger de l’étranger/immigré et de la pureté originelle de la « patrie ».
Les sondages ne sont contradictoires que dans le sens où la figure de MLP ne correspond pas à la figure du « chef » que contient l’idéologie infantile produite par la peur existentielle chez l’adulte désemparé.

Cette contribution : « Après plus d’un an de restrictions de liberté à base de couvre feux et confinements, les français sont habitués à un pouvoir autoritaire, ce qui favorise Le Pen. Après plus d’un an de peurs du virus, de la pauvreté et de la délinquance; notre peuple a perdu la raison, et pourrait s’offrir à l’extrême droite. »

Une réponse : « Croyez-vous les Français si bêtes qu’ils ne puissent pas faire la distinction entre des restrictions de liberté pour des motifs sanitaires (que l’on soit d’accord ou non avec ces mesures ne change rien à l’affaire) et un régime autoritaire, restreignant les libertés pour des motifs idéologiques et de fausses solutions économiques et sociales ? La confusion intellectuelle mène au pire, il est dangereux de dire n’importe quoi sans réfléchir. »

La mienne :

Oui. Je ne dirais cependant pas  que « le peuple a perdu la raison », plutôt qu’E. Macron, depuis le tout début de la pandémie, s’est adressé à la « population » (addition d’individus)  et non au peuple, si on donne à ce mot la dimension politique qui inclut l’utilisation de la raison. De ce point de vue, E. Macron a pris de grands risques puisqu’il s’est placé sur le terrain de jeu électoral du FN/RN. L’avantage principal dont il dispose pour l’élection est la connaissance du système et une maîtrise du langage nettement supérieures à celles de MLP, comme l’a montré le débat de 2017. Deux éléments qui visent plutôt la raison et qui peuvent suffire… si la population est capable, dans sa majorité, d’être  « peuple » et d’oublier les discours présidentiels d’infantilisation.

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