La manière dont est traitée la commémoration est en soi un problème : tous les discours que j’ai entendus, pour ou contre, s’appuient sur l’a priori implicite selon lequel tout s’explique par l’homme/individu. Le rétablissement de l’esclavage par Napoléon serait à inscrire dans la « part d’ombre » du personnage, le code civil dans sa part de lumière.
Comment se sortir de ce qui est présenté comme un dilemme ?
Pourquoi Napoléon Bonaparte qui n’est pas connu pour avoir été un théoricien raciste et qui avait libéré les esclaves en Egypte, aurait-il été partisan du rétablissement de l’esclavage pour des raisons psychologiques ou morales ou idéologiques ?
Il suffit de se renseigner sur les conditions dans lesquelles la Martinique est devenue française pour comprendre que maintenir ou rétablir l’esclavage dans les Antilles répondait à des impératifs de politique internationale et d’économie.
Le débat ainsi réduit à la responsabilité de l’individu permet d’évacuer les données objectives, économiques donc, et ce qui leur donne une telle importance.
Il contient la question du libre-arbitre dont l’affirmation conduit, volontairement ou pas, à pervertir les concepts de liberté et de responsabilité. C’est à quoi servent les débats-polémiques comme celui que nous connaissons qui évitent de parler de l’équation capitaliste et de ses applications économiques et industrielles.