Voici le titre de l’article du journal :
« C’était une belle personne » : à Mérignac, l’émotion après la mort de Chahinez Boutaa, brûlée vive par son mari.
Sous-titre :
Son conjoint, interpellé quelques instants après les faits, a été placé en garde à vue pour assassinat. Il avait déjà été condamné pour des violences conjugales en 2015 et en 2020. » (A la Une du Monde -06.05.2021)
Ma contribution concernant le titre :
REDACTION : Une fois encore, le titre dénote une tendance au racolage émotionnel. Faire état des réactions sensibles des uns et des autres à l’intérieur de l’article participe du travail d’information, en utiliser une comme titre, plutôt de la presse à sensations. Est-ce que la rédaction pourrait dire quelques mots sur cette pratique, souvent mise en cause par les abonnés, qui ne correspond pas à l’éthique historique du Monde, du moins jusqu’à une date relativement récente ?
Précision : Je lis Le Monde depuis des décennies et je me souviens de sa présentation, jadis, plutôt austère et sans photographies. Des articles de fond, des éditoriaux, écrits à travers le prisme d’une éthique clairement définie (disons, une subjectivité questionnée), qui sollicitaient d’abord la pensée. Peu à peu, la ligne éditoriale s’est infléchie vers la dimension émotionnelle, notamment des faits divers, en même temps que la publication, le samedi, d’un magasine sur papier glacé remarquable surtout par les publicités qui expliquent sans doute sa raison d’être.
J’y vois un signe, parmi d’autres, du désarroi qui s’explique à mon sens par la disparition, depuis la fin des années 80, d’une hypothèse de rechange du système capitaliste qui permettait une démarche dialectique enrichie par l’ambivalence des solutions proposées et expérimentées.
Une contribution, sur l’affaire elle-même
« Mais on ne peut rien faire du tout ! la solution ce serait d’arrêter l’arrivée de ce genre d’individu en provenance de pays arriérés, ou au minimum ne permettre que l’arrivée de titulaires de visa, ce qui signifie une étude du dossier et de la personne, au lieu de l’open bar actuel. Mais vous imaginez le tollé ! ce serait « le retour des heures les plus sombres de notre histoire ». Donc comme il faut bien donner l’impression de faire quelque chose : discours avec coups de menton « nous ne permettrons pas ! ca ne va pas se passer comme ca ! » + une loi histoire de faire sérieux et c’est reparti pour un tour. »
Ma réponse :
La simple consultation de la liste des assassinats de femmes par leur conjoint vous permettrait de constater que le concept de « pays arriéré » ne permet pas de rendre compte de la réalité de ces faits divers dramatiques. Le machisme et ses dérivés violents ne sont pas réductibles à un type de pays ou de religion. Ce qui pose un problème dans votre commentaire, c’est cette simplification qui vous conduit ensuite à invoquer le procès d’intention qu’on ne manquerait pas de vous faire, dites-vous. Qu’avez-vous à perdre à proposer une analyse plutôt qu’une simple réaction passionnelle présentée comme un argumentaire ? C’est cette confusion qui ferme la porte au dialogue.