EDF et Hercule

« Dans un document que « Le Monde » a pu consulter, l’exécutif défend son projet [le nom « Hercule » a été abandonné] mais ne fait pas de concessions. Dans ce résumé de trois pages, que Le Monde a pu consulter, le gouvernement reprend les grandes lignes présentées par le PDG d’EDF, Jean-Bernard Lévy, devant l’Assemblée et le Sénat, en février. L’exécutif fait le constat que « l’entreprise n’est plus en mesure de financer son développement », compte tenu du mécanisme de rémunération actuel du nucléaire. (…) Il détaille ainsi : « Ce projet consacrerait une détention par l’Etat à 100 % du parc nucléaire, thermique et hydraulique. » Le nouvel EDF, 100 % public, détiendrait plus de 80 % de la production d’électricité en France et ne serait pas coté en Bourse. Cette entité aurait une filiale, elle aussi 100 % publique, qui posséderait les barrages d’EDF. Enfin, une autre filiale, appelée, pour l’instant, « Energies nouvelles et réseau », rassemblerait la vente d’électricité, les énergies renouvelables, le réseau de distribution Enedis et les services. Le capital de cette deuxième filiale serait ouvert au privé dans une certaine mesure – c’est cette démarche qui inquiète les syndicats, qui y voient une première étape vers une privatisation de certaines activités du groupe. » (A la Une du Monde – 13.04.2021 – article réservé aux abonnés)

Trois contributions :

« On va nous refaire le coup des autoroutes, on va privatiser la partie distribution (Enedis) et ses 35 millions de consommateurs captifs.
À nous les augmentations de tarifs. »

« Nous ne sommes pas bons partout, mais en matière d’électricité nous sommes champions. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas mieux faire encore. Mais se mettre au diapason la Commission est un bon moyen pour détruire l’un de nos derniers domaines d’excellence. Il nous restera les parfums, le vin et le cognac. Junker appréciait les deux derniers, Ursula doit apprécier les premiers, c’est peut-être pour ça qu’ils ne sont pas encore venus nous escagasser avec ça. »

« C’est un bon projet quoiqu’en disent les conservateurs habituels. On peut juste regretter qu’il n’aille pas tout à fait assez loin, particulièrement sur le statut des agents d’EDF qui reste un privilège d’ancien régime. Rien ne justifie ces avantages ahurissants qui plombent l’entreprise et servent de pompe à finance de la CGT (plusieurs milliers de salariés rien qu’au comité d’entreprise). L’entreprise risque de rester lente et lourde face aux immenses enjeux des énergies renouvelables. »

La mienne :

Les critiques d’anciens dirigeants [l’article donne un lien qui permet d’en prendre connaissance] portent sur des risques de dysfonctionnement liés à l’introduction du privé dans la distribution et sur l’argument financier en évoquant de « coûteuses aventures internationales dans les années 1990/2000 ». En-deçà des questions d’architecture, de finances, de statuts, et du rapport privé/état, se trouve la question implicite du rapport individu/commun, un invariant de l’histoire humaine. Les décisions gouvernementales sont des conséquences de la réponse, elle aussi, implicite, à cette question, essentiellement posée dans le discours philosophique. La place très réduite, à dessein, de la philosophie dans l’enseignement contribue le rendre difficilement audible, ce qui a pour effet de le limiter à des cercles restreints, donc à favoriser son aspect hermétique et ainsi de suite. Le problème du rapport privé/état (énergie, transport, santé…) est donc ainsi réduit à des aspects techniques.

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