D.Trump et la Cour Suprême

« L’une [des plaintes] portée par l’élu républicain de la Chambre des représentants Mike Kelly, contestait la légalité des votes par correspondance en Pennsylvanie. Après son rejet par la cour suprême de cet Etat-clé, les plaignants s’étaient tournés en urgence vers la Cour suprême des Etats-Unis pour lui demander de geler toutes les opérations électorales le temps qu’ils développent leur argumentaire.

En leur opposant une fin de non-recevoir, les neuf juges de la Cour suprême mettent un terme à cette procédure et signifient qu’ils n’ont pas l’intention de se mêler des litiges postélectoraux. M. Trump avait pourtant espéré que la haute cour, qu’il a profondément remaniée, interviendrait en sa faveur. Dès le lendemain du scrutin, il disait vouloir la saisir. »   (Le Monde du 9/12/2020)

Cette fin de non-recevoir – apparemment unanime – témoigne de la reconnaissance d’un principe de droit élémentaire : la justice a besoin de faits. En l’occurrence, il n’y en a pas qui pourraient permettre de prendre en considération l’hypothèse de la fraude électorale massive invoquée par D. Trump qui attendait une  autre réponse de la majorité des juges, en particulier des trois qu’il a nommés, dont, tout récemment,  Amy Coney Barret.

C’est de cette seule reconnaissance dont témoigne cette fin de non-recevoir.

Qu’en sera-t-il des décisions de la Cour  lorsque le problème ne concernera pas ce principe ou ceux qui sont gravés dans le marbre de la constitution, mais les  convictions ? Par exemple pour l’IVG ou la possession d’armes ?

Ces deux problèmes ressortissent à des choix déterminés par des critères appuyés sur des convictions personnelles, éthiques, morales, religieuses…

« Les juges ne peuvent pas dire : “J’ai un but dans ma vie, j’adore ou je déteste les armes à feu, j’aime ou je déteste l’avortement” et imposer leur volonté comme des monarques », a déclaré Amy Coney Barrett, lors de son audition, mi-octobre, devant le Sénat des Etats-Unis.

Lorsqu’elle a fait cette déclaration, il était de notoriété publique qu’elle était fervente catholique, proche de mouvements religieux charismatiques comme  People of Praise, favorable à la possession d’armes et hostile à l’avortement.

Elle en a évidemment le droit.

Ce type de déclaration, caricaturale dans la forme et qui nie la réalité de la subjectivité, est le signe de l’hypocrisie au sens premier de « jugement en-dessous », autrement dit de dissimulation.

La réponse qui serait en accord avec l’esprit prétendu d’objectivité qu’elle affirme aurait été : je suis pour la possession des armes et contre l’avortement, et je jugerai au cas par cas en confrontant mon point de vue à celui de mes collègues, notamment ceux qui en ont un opposé au mien.

Mais un tel discours est antinomique du dogmatisme, entre autres religieux… et c’est précisément l’absence de ce discours qui permet de le reconnaître.

D. Trump, A. Coney Barrett se rejoignent sur le rejet viscéral et primaire du commun qu’ils expriment sous les formes extrêmes du capitalisme pour l’un, de la croyance religieuse pour l’autre.

Reste à savoir si l’inconséquence d’une telle requête d’un Président à la Cour suprême témoigne d’une infantile erreur de siècle, ou si elle est une expression du danger signifié par l’ampleur de son électorat.

2 commentaires sur « D.Trump et la Cour Suprême »

  1. En faisant nommer Barrett à la Cour Suprême une semaine avant l’élection (alors que les Républicains avaient refusé de considérer la nomination par B. Obama du Juge Garland 9 mois avant celle de 2016) Trump espérait que la Cour Suprême déciderait de l’élection présidentielle, comme elle l’a déjà fait en 2000. Bush étant déclaré vainqueur contre A. Gore. Trois conservateurs de la présente Cour Suprême (Barrett), Kavanaugh et Gorsuch) avaient déjà fait leur preuve en travaillant dans le camp républicain lors de la bataille du recompte des voix en Floride en 2000.
    Pour un maffieux comme Trump, ils lui devaient une totale loyauté. C’est oublier que même les conservateurs les plus durs de la Cour, ceux qui probablement voteront contre le droit à l’avortement, pour le port d’armes, etc. préfèrent ne pas se mêler de politique électorale.
    « Infantile erreur de siècle ou expression du danger signifié par l’ampleur de son électorat »? Les deux à mon avis. Et sur ce dernier point nous ne sommes pas sortis de l’auberge.

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