Le vaccin

La question que posent l’annonce et le contexte de l’annonce du vaccin de Pfizer/BioNTech, concerne le rapport entre la production médicale en général et le statut privé d’instituts/laboratoires de recherche.

Dans le cas particulier, l’opération boursière réalisée par le patron de Pfizer (les explications techniques visent à convaincre qu’il ne s’agit que d’une simple coïncidence…) ne peut que susciter des réactions de méfiance et de doute.

Dans quelle mesure les enjeux financiers, facteurs d’accélération de la compétition, peuvent-ils parasiter la recherche, et quelle est leur incidence sur les critères de sécurité et de contrôle ?

Le rapport entre recherche médicale (entre autres) et public/privé s’inscrit dans la problématique du commun construite principalement aux 18ème/19ème siècle et hystérisée au 20ème siècle par l’affrontement entre les deux mondes, capitaliste et communiste/soviétique.

L’échec de l’expérience soviétique a eu comme conséquence idéologique l’opinion plus ou moins explicitée qu’il n’y a pas d’alternative au système capitaliste, que l’intérêt financier est ce qui motive et dynamise l’homme (cf. la Start-up Nation prônée par E. Macron), notamment pour la recherche, et qu’il est utopique d’imaginer autre chose qu’une compétition d’entreprises privées fonctionnant selon la logique d’accumulation de capital.

Le décalage abyssal entre la dimension planétaire de la maladie et la structure privée de l’entreprise qui produit le vaccin – d’autres sont annoncés, la plupart produits dans des conditions analogues – ne peut qu’accentuer la dépression qui accompagne la pandémie.

Si les Nations ne sont pas capables de coopérer pour un commun aussi objectif, si elles favorisent le jeu de la compétition financière alors qu’il s’agit d’une mise en danger de la santé et de la vie socioéconomique mondiales, quel message envoient-elles aux peuples, sinon celui qui conforte le nationalisme et les thèses d’un complot aussi pervers que les critères financiers de la compétition elle-même ?

« (…) Il nous faudra demain tirer les leçons du moment que nous traversons, interroger le modèle de développement dans lequel s’est engagé notre monde depuis des décennies et qui dévoile ses failles au grand jour, interroger les faiblesses de nos démocraties. Ce que révèle d’ores et déjà cette pandémie, c’est que la santé gratuite sans condition de revenu, de parcours ou de profession, notre Etat-providence ne sont pas des coûts ou des charges mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe. Ce que révèle cette pandémie, c’est qu’il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché. Déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner notre cadre de vie au fond à d’autres est une folie. »

Cet extrait du discours  d’E. Macron annonçant, le 12 mars 2020, le premier confinement dit clairement que la loi du marché non seulement n’est pas la seule possible, mais qu’elle peut conduire à la folie.

Rien, depuis, dans les orientations politiques et les discours, ne vient reprendre ni confirmer ce touchant aveu de l’éveil d’une conscience à la pensée critique.

En réalité, une rhétorique ordinaire et banale, au décalage aussi grand quant à l’enjeu sanitaire que celui de l’entreprise privée quant à la pandémie.

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