A Paris, se tient actuellement une vente aux enchères qui propose des objets ayant appartenu à la famille de Louis XVI, dont des chaussons de Marie-Antoinette.
Un commissaire-priseur indiquait ce matin (dimanche 15 novembre) à la radio (France Info où les informations tournent en boucle) que la mise à prix serait de 8 à 10000 euros. Des chaussures de la reine ont déjà été achetées pour 50000 euros (information trouvée sur Internet).
Le journaliste lui ayant fait remarquer que ces chaussons allaient vraisemblablement être acquis par un étranger et quitter la France, il ajouta que ce n’était pas un problème puisqu’ils demeureraient, où qu’ils soient, les témoins de notre patrimoine.
Il ajouta encore que les objets de la fin du 18ème étaient très rares puisque la révolution avait pratiquement tout détruit de cette époque. Le ton employé indiquait clairement qu’il ne prisait pas du tout le moment historique qu’il évoquait.
Dans le lot, précisa-t-il, il y avait une malle qui avait suivi la reine à la prison du Temple où elle avait été enfermée avant son exécution (le 16 octobre 1793). Il souligna l’importance émotionnelle de l’objet, en employant le même ton.
Donc, une interview d’une ou deux minutes, qui sera rediffusée et qui concerne :
– une affaire commerciale mettant en jeu des dizaines de milliers d’euros en relation avec le problème du patrimoine,
– un moment très sensible de notre histoire.
Avant d’avoir été ni posés ni objet de la moindre discussion, les deux problèmes sont « résolus », en deux coups de cuillère à pot, expression qui met en scène soit (les étymologistes ne sont pas d’accord) une vraie cuillère (du genre grosse louche, ici un commissaire-priseur) et un vrai pot (au contenu indifférent, ici le patrimoine et la Révolution ), soit un sabre d’abordage (dont la coquille de protection a une allure de cuillère) qui, en deux coups (premier coup : les chaussures de Marie-Antoinette font partie du patrimoine et on peut les vendre sans la moindre hésitation – second coup : les révolutionnaires sont des barbares) permet de trancher définitivement une question, si l’on m’autorise cette métaphore aiguisée.
C’est ce qu’on appelle un fait-divers.