Les médias sont à peu près unanimes pour dire que ce premier débat entre les deux candidats fut le pire qu’aient jamais connu les Etats-Unis pour une élection présidentielle.
Sauf qu’il ne s’agissait pas d’un débat, mais d’un match dans lequel l’un cherchait le KO par l’attaque permanente tous azimuts et l’autre la victoire aux points, plus par l’esquive que par les coups.
La question que pourraient se poser les médias et les citoyens des Etats-Unis que cet échange met ô combien ! mal à l’aise, concerne l’absence de ce qui rend possible un débat, à savoir un objet.
Jusqu’à l’élection de 2016, il y eut la question récurrente de l’intervention de l’Etat et du racisme. Le « Yes we can ! » d’Obama (2008) était une double réponse : par ce qui fut appelé « Obamacare » et par la présence d’un « homme de couleur » à la Maison Blanche.
L’élection de Trump fut sans doute autant l’expression du rejet d’un establishment qu’une régression historique.
Régression pathétique comme toute régression et pathologique en ce sens que celui qui était élu pour tenir le langage d’une conception commune, celle que définit la Constitution, tenait celle de l’individu narcissique s’érigeant comme contre modèle d’identification : un Randsom Stoddard inversé. Dans le film de John Ford, (L’homme qui tua Liberty Valence – 1962) le sénateur (incarné par James Steward) vient opposer la loi à la violence narcissique d’un individu (Liberty Valence interprété par Lee Marvin) représentant un monde qui s’achève et dont Tom Doniphon (interprété par John Wayne) est le représentant à la fois positif et dépassé. On est au 19ème siècle.
Au début du 21ème siècle, en 2016, D. Trump a incarné l’inversion de la démarche.
Il ne tient pas du clown, comme le dit Joe Biden, (qui a envie de rire, même d’un rire jaune ?) mais de l’attirance du chaos.
L’élection de novembre 2020, incertaine dans son mode, la connaissance de son résultat et son acceptation, en précisera le degré.
Trump aime le chaos et espère la guerre civile. Nous entrons dans une crise constitutionnelle aux Etats Unis et nous assistons à la mort de la démocratie. Après ce pugilat grotesque entre Trump et Biden, et l’encouragement direct (Stand by, Stand back, tenez vous prêts) de Trump aux suprémacistes blancs « Proud Boys » comment ne pas penser au mois de mai 1931 en Allemagne ! Mais si Biden gagne, cela représentera simplement un retour à la “normalité” privilégiée par les démocrates et au mensonge de “l’unité” américaine. Sans un programme visant à transformer radicalement (ou dans certains cas à éliminer complètement) les institutions qui ont causé tant de tort, le mieux que nous puissions espérer, ce sont quatre années de compromis avec les Républicains qui nous laissent face aux mêmes défis. Élire Biden est, à ce stade, une mesure nécessaire pour repousser le pire de l’ère Trump, mais ce n’est nullement un baume en soi. Mon candidat était évidemment le « socialiste » Bernie Sanders ….
J’aimeJ’aime