Blasphème

                                                              

En octobre 1988, le cinéma parisien Saint-Michel où était projeté le film Les dernières paroles du Christ de Martin Scorsese fut incendié (quatorze personne y furent sérieusement blessées) par un groupe intégriste, pour cause de blasphème.

En 2011, une photographie  d’Andres Serrano représentant le Christ immergé dans un bocal d’urine (Piss Christ) fut vandalisée au musée d’Avignon, pour la même raison.

En janvier 2020, sur Internet, une adolescente française – Mila – « parle en noir » (tel est le sens étymologique du mot grec « blasphème »), autrement dit crûment, très crûment, mais vraiment très crûment, de son rapport avec la religion, avec dieu (autrement dit, elle n’aime ni l’une ni l’autre, ce qui est peu dire, vraiment peu dire, mais vraiment très peu dire),  elle reçoit des menaces de mort, et la ministre de la justice du gouvernement français, très en colère, lui rétorque que « l’insulte à la religion est une atteinte à la liberté de conscience ».

Rappel : en 399 avant notre ère, un septuagénaire fut condamné à mort et exécuté à Athènes au motif qu’il corrompait la jeunesse par ses paroles, qu’il ne respectait pas les dieux de la cité et qu’il en introduisait de nouvelles divinités.

Bon.

Quel rapport entre « l’insulte à la religion » (utilisé pour désigner une croyance) et « l’atteinte à la liberté de conscience » (qui concerne des individus) ? Surtout si l’insulte est proférée par une adolescente qui – j’ai lu attentivement ce qu’elle dit… crûment –  ne s’en prend pas aux individus mais à leur religion…

Est-ce que notre ministre dont les propos rappellent la teneur des accusations lancées contre Socrate aurait voté sa condamnation à mort ?

Hum…

Ceux qui menacent (de mort) pourraient peut-être se demander quelle est la solidité de leur foi pour être à ce point déstabilisés par quelques mots, même crus, d’une adolescente ?

Quant à celle que la colère conduit à confondre la croyance avec les croyants, elle pourrait peut-être, avant de parler,  prendre le temps de délibérer, comme le font les juges de la Justice dont elle a la charge.

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