Quand elle concerne un problème aussi important que le système des retraites, la lutte syndicale, pour être efficace, doit être sous-tendue par un discours d’une nature autre que celui qui la déclenche et l’organise. Un discours de nature politique pour une alternative possible.
La retraite concerne la fin de la vie professionnelle.
Elle concerne aussi la fin de vie.
Avoir travaillé si longtemps, et ne pas disposer d’une pension qui permette de vivre de manière décente, ne pose pas seulement la question du « pourquoi avoir travaillé ? » mais ravive la question « avoir travaillé pour quoi ? »
Pour ceux qui voulaient le retrait du projet et une vraie négociation, la lutte syndicale n’a pas abouti.
Parce que le discours dont je parle n’existe plus.
Tout le monde sait que la réforme conduira, dans un avenir plus ou moins lointain, à un système par capitalisation qui favorisera ceux qui ont le moins besoin de l’être.
Ce n’est ni original, ni nouveau, ni ignoré : Oxfam, une organisation internationale fondée en 1942 pour lutter contre la pauvreté indique que les 80 milliardaires les plus riches de la planète possèdent autant que les 3,5 milliards d’humains les plus pauvres vivant avec 2 dollars par jour.
Donc, tout le monde sait quel est l’enjeu de cette réforme, mais le discours qui donnerait du sens, de l’espoir donc de l’efficacité à la lutte syndicale, n’existe plus.
Il n’y a, aujourd’hui, pas d’autre système envisageable que le capitalisme.
Alain Badiou, invité à la Grande Table de France Culture (lundi 20 janvier 13 h00 /13 h 30) expliquait une fois encore, en le dénonçant, comment fonctionne ce système.
Il disait une fois encore sa conviction du communisme, sous une forme autre que celle qui fut expérimentée en URSS avec les résultats catastrophiques que l’on sait.
Il espère que les luttes éparses, non seulement en France mais partout dans le monde, finiront pas se joindre pour faire naître ce communisme.
Mais, à aucun moment, il ne pose la double question :
– quelle est la cause humaine du capitalisme ?
– pourquoi sommes-nous à ce point attirés et repoussés par le « commun » ?