Interview de François Braun, ministre de la santé, dans Le Monde, daté des 9/10 avril 2023.
Extraits.
« On entre dans la phase d’après [la convention citoyenne qui a débattu sur cette question]. Il s’agit maintenant de rebasculer le débat de société sur un tempos politique. Et d’avancer. (…) [Question : « Avancer sur le chemin de l’aide active à mourir, vous êtes d’accord avec cela, donc ? »] « La convention citoyenne s’est prononcée à 75% (75,6% exactement) pour une aide active à mourir, mais 25% contre. Mon rôle est de prendre en compte ces différents avis dans une posture* d’écoute et de respect de chacun, sans essayer de convaincre les uns ou de dissuader les autres. Je ne ferai pas de politique politicienne sur un sujet comme celui-là. (…) Je vous donne un exemple : en tant qu’urgentiste j’ai eu très souvent à réanimer des personnes après une tentative de suicide. Cela représente même tout un pan de l’activité d’urgentiste. Dans un nouveau cadre légal, s’il devait y en avoir un, il faudrait pouvoir continuer à le faire. »
* Posture : « Attitude adoptée pour donner une certaine image de soi ; positionnement tactique » (Larousse)
Relativement au travail d’un ministre, investi d’un pouvoir exécutif,« écouter sans vouloir convaincre ou dissuader » peut paraître réducteur. Le ministre voudrait-il signifier que le constat d’une absence d’unanimité ne lui permet pas de prendre une décision qui aille dans le sens de la majorité des 75 % ? Autrement dit qu’il pencherait plutôt du côté des 25 % ?
La « politique politicienne » est un argument-prétexte très pratique qui permet de faire croire qu’on est au-dessus des querelles partisanes.
En réalité un refuge dont l’exemple personnel qu’il prend permet de comprendre l’utilité.
En quoi réanimer une personne qui a voulu se suicider témoignerait-il d’ « écoute et de respect » de cette personne ?
Tel est bien une des expression du problème que ne veut pas voir le ministre.
Autoriser l’aide active à mourir n’oblige personne à la demander, alors que l’interdire conduit à des pratiques violentes ou dissimulées, ou les deux, ou alors, pour ceux qui le peuvent, en Suisse.
A la Une (pour les abonnés) de ce même numéro, Charles Biétry – une personnalité du monde du sport – explique qu’il est atteint de la maladie de Charcot (incurable, elle provoque une paralysie de plus en plus invalidante, jusqu’à celle des poumons, avec les souffrances de tous ordres qu’on imagine) et qu’il a tout préparé pour, le jour venu, obtenir une aide pour mourir… précisément en Suisse.