*Rappel :
-GFM : Grammaire française « ministérielle » (sur Internet)
– GEQ : La grammaire en questions – titre d’un essai de l’auteur du blog.
Deuxièmes étiquettes : phrase simple et phrase complexe.
Simple et complexe font partie du langage courant.
Larousse : Simple :« Qui est constitué d’un petit nombre d’éléments qui s’organisent de manière claire, par opposition à complexe : un appareil très simple. »
Complexe :« Qui contient plusieurs parties ou plusieurs éléments combinés d’une manière qui n’est pas immédiatement claire pour l’esprit ; compliqué, difficile à comprendre : question complexe, une personnalité complexe.
Simple vient de semel (une seule fois) et de plectare (tresser, entrelacer) : ce qui est « simplex » est donc tressé une seule fois, donc non compliqué, sans détour ; quant à complexe, il vient du même verbe précédé de la préposition cum (avec) : ce qui est « complexus » est donc entrelacé avec, embrassé, en l’occurrence par l’intelligence, la pensée.
Les notions « phrase simple, phrase complexe » énoncées dans le cours de grammaire renvoient donc à des notions ordinaires dont le sens, connu, sera, en léger décalage avec le Larousse, quelque chose comme, pour simple, ce qui n’est pas compliqué plutôt que complexe, et pour complexe, ce qui n’est pas facile à comprendre.
Voici, sur cette question, un modèle de cours proposé sur le site EDUMOOV (Internet) dont il est précisé qu’il est fréquenté par des milliers d’enseignants.
Annoncer l’objectif de la séance : aujourd’hui nous allons travailler sur la phrase simple et la phrase complexe. A la fin de la séance, vous saurez ce qu’est une phrase simple, une phrase complexe et vous saurez comment les distinguer.
Compte le nombre de phrases dans le texte ;
Entoure les verbes conjugués ;
Souligne en vert les phrases qui n’ont qu’un seul verbe et en jaune celles qui en nt plusieurs .
Les phrases soulignées en vert n’ont qu’un seul verbe, ce sont des phrases simples. Celles soulignées en jaunes ont plusieurs verbes, ce sont des phrases complexes.
Consigne Comment savoir si une phrase est simple ou complexe ?
Réponse attendue : On compte le nombre de verbes dans la phrase.
* Voir en fin d’article deux textes de référence
GFM (niveau I p. 22) « On parle de « phrase simple » quand une phrase
ne comporte qu’une seule proposition (par exemple : « Le facteur distribue le courrier à huit heures ») et de « phrase complexe » quand une phrase comporte au moins deux propositions (par exemple : « Le facteur distribue le courrier et il aime son travail »). »
(niveau II p.52) « La phrase simple est formée d’une seule proposition tandis que la phrase complexe est formée de plusieurs propositions. » Il est précisé que ces propositions peuvent être coordonnées (reliées par mais, ou, et, donc, or, ni, car, soit, voire) juxtaposées (« reliées par une ponctuation »… encore qu’une ponctuation serve plutôt à marquer une séparation) ou dans un système principale/subordonnée (autres étiquettes qui seront examinées plus loin).
Question/critique de GEQ : En quoi cette distinction améliore-t-elle la compréhension ? Pour reprendre l’exemple (anodin ?) de GFM, qu’apporte l’explication « Le facteur distribue le courrier à huit heures. Il aime son travail» = deux phrases simples, « Le facteur distribue le courrier à huit heures et il aime son travail » = une phrase complexe ? Quel rapport entre la remarque formelle et le sens ?
Plus encore, quatre exemple proposés par GEQ :
1 – « Il pleut. » : une proposition, donc une phrase simple.
2 – « Les sanglots longs / Des violons / De l’automne / Blessent mon cœur / D’une langueur / Monotone. (Verlaine) : une proposition, donc une phrase simple.
3 – « Il pleut et il vente. » : deux propositions, donc une phrase complexe.
4 – « Je pense, donc je suis. » (Descartes) : deux propositions, donc une phrase complexe.
Si le caractère simple de la première phrase est évident quant à la structure et au sens, celui de la deuxième l’est beaucoup moins. Et si la complexité est manifeste dans la quatrième, ce n’est pas dans la structure mais dans la pensée. Où est la complexité (structure, sens) dans la troisième ?
Je reviendrai sur ces deux notions à propos des propositions dites principales et subordonnée.
Voici les deux textes de référence annoncés :
1 -« Engageons ces gens à l’esprit paresseux [ « ceux qui importunent par leur bavardage et par leur curiosité celui qui fait la leçon » ], quand ils auront mis dans leur tête les points principaux d’un discours, à composer en eux-mêmes le reste, à faire cheminer en quelque sorte pas à pas leur imagination en même temps que leur mémoire, et à regarder la parole du maître comme un principe et un germe qu’il s’agit de nourrir et de développer. Car l’esprit n’est pas comme un vase qui a besoin d’être rempli; c’est plutôt une substance qu’il s’agit seulement d’échauffer; il faut inspirer à cet esprit une ardeur d’investigation qui le pousse vigoureusement à la recherche de la vérité. » (Plutarque – écrivain, philosophe, grec -1er siècle de notre ère – Œuvres morales – « Comment il faut écouter » §18)
2 – : « (…) moi, ayant plutôt envie de faire de lui [l’enfant] un homme habile. qu’un homme savant, je voudrais aussi qu’on fût soucieux de lui choisir un guide qui eût plutôt la tête bien faite que bien pleine et qu’on exigeât chez celui-ci les deux qualités, mais plus la valeur morale et l’intelligence que la science, et je souhaiterais qu’il se comportât dans l’exercice de sa charge d’une manière. nouvelle (Montaigne – Essais – De l’institution des enfants – I,26)
Petit commentaire : Plutarque invite donc l’élève/étudiant, je dirais à « faire marcher sa tête » en appuyant sa pensée sur le discours du maître. Ce qui suppose au discours magistral une pensée fournissant matière à réflexion. Montaigne, qui avait lu Plutarque, insiste sur la valeur morale et l’intelligence, sans doute parce que la science de son temps (16ème siècle) est sous le contrôle de la religion.
Est-il excessif de les imaginer l’un et l’autre frappant, discrètement, à la porte qu’ils entrouvrent pour demander à quelle intelligence peut bien servir cette distinction grammaticale entre simple et complexe ?
C’est ce que le professeur de philosophie pourra suggérer aux élèves/étudiants, juste après le cours de grammaire.