Ganges, mardi 7 mars 2023, 13 h 00, La ville comprend un peu plus de quatre mille habitants. Trois ou quatre cents personnes devant la mairie. Peut-être un, peu plus. « On y va ! » annonce le haut-parleur. Le cortège parcourt lentement les rues de la petite ville. En tête, la voiture sono – L’internationale, Bella ciao… – puis, les banderoles syndicales, individuelles – « La meilleure retraire c’est l’attaque » « Macron t’es foutu les Cévennes sont dans la rue ». Toutes les classes d’âge. Manifestants seuls ou en groupe autour de leur fanion syndical. Pas de slogans. Juste avant le départ, un essai de slogan collectif a tourné court. Des fenêtres s’ouvrent avec parfois des gestes de main. Commerces fermés avec l’affiche de soutien. D’autres ouverts.
En 2020, la liste du maire sortant – il a été membre du PS puis du MRG – a obtenu plus de la majorité des voix dès le premier tour, face à deux listes, l’une – sans étiquette explicite – à sa droite, l’autre à sa gauche.
En 2022, M. Le Pen a devancé E. Macron de 39 voix au second tour des présidentielles (plus de 70% de votants), et, aux législatives (un peu plus de 47 % de votants), le candidat LFI de la circonscription (élu avec 600 voix de plus que le candidat RN) a recueilli ici un peu plus de 53% des voix.
Des moments d’expression à la synthèse difficile quand on sait l’importance des affects et l’absence de la problématique du commun dans le discours général et politique.
Ce qui est palpable, là, dans la rue, où L’internationale n’est chantée que par l’enregistrement, c’est un manque. Le commun que chante le chant révolutionnaire que personne ne reprend, ce commun maintenant disparu, laisse un vide, un vide ressenti sans doute, et dont personne ne parle encore.