Le Monde informe dans son édition du 09/02/2023 de l’exécution au Texas d’un Afro-Américain, avec ce sous-titre :
« L’avocat de John Balentine, 54 ans, a tenté tous les recours pour éviter la Le Monde peine capitale à son client, coupable du meurtre de trois adolescents en 1998. En vain. »
Quelques réactions parmi celles qui approuvent l’exécution.
« Un type qui tue trois personnes, dont 2 qui ne lui avaient strictement rien fait, pour être sur de tuer une troisième personne qui lui avait « mal parlé », franchement comme héraut du combat contre le racisme on s’en passe assez bien. Certaines personnes sont des monstres, celui la m’en semble faire partie. Il aurait été blanc qu’il aurait condamné de la même façon. »
« Je ne vois toujours pas ce qui justifie de garder en vie des éléments dangereux pour la société, hormis le risque d’erreur judiciaire, seul argument convaincant. »
« Il tue trois blancs dans leur sommeil : c’est vrai qu’il y a un biais raciste. Quant au procès l’individu s’étant lui-même reconnu coupable on peut chipoter sur les miettes du systémique certes mais ce sont des miettes. »
Mon commentaire :
Un monstre…Pourquoi garder en vie un tel meurtrier… etc. Que signifie cet invariant argumentaire qui s’apparente à la « loi du talion » qu’applique la société quand elle ne dispose pas des moyens de comprendre ? Comprendre quoi ? Pourquoi un homme a décidé de tuer. De toutes les espèces, il n’y a que l’homme qui soit capable de commettre un crime. Le médecin des camps nazis est un homme. Pas un monstre, un homme. Comme n’importe quel meurtrier, comme J. Balentine. De même que couper la main du voleur, tuer le meurtrier – même s’il demande à l’être (cf. Buffet) – est, par un mimétisme légal, le signe d’un renoncement. Valeur dissuasive nulle, on le sait. Quant à l’argument de l’inhumanité de l’enfermement à vie, il participe de la même misère qui réduit la question à deux démesures, signe du refus d’aborder la problématique de notre spécificité pour tenter de réduire les risques de dysfonctionnements.
Réponse d’un lecteur :
« Pourquoi comprendre ? En comprenant ou pourrait prévenir des crimes similaires ? Les faits suffisent. Cet homme a tué ces enfants pour un motif futile, ce qu’il reconnaît lui-même. La réparation du préjudice est impossible. La société n’a que faire de tels individus. La tolérance au parasite et autre sociopathe a des limites, pour des raisons pratiques qu’on repeint de moral(in)e. Elles sont clairement franchies ici. L’exclusion définitive, soit la mort en prison, est une solution tout à fait pragmatique, même si certains en font des noeuds dans leur supériorité morale. Ceux-ci semblent aussi oublier que le droit est une pratique et n’a jamais été, n’est pas et ne sera jamais une philosophie. Et c’est heureux. »
Ma réponse, en deux temps (limite de 1000 signes pour chaque commentaire)
1 – Comprendre est un composant essentiel de l’humanité. C’est du moins ce dont témoignent tous ceux qui nous servent de référence, des Présocratiques à Einstein, et qui constituent le socle de référence de l’école où l’on enseigne son importance. C’est aussi ce qui explique la création du tribunal. Appliqué au criminel ? L’exécuter ou le laisser mourir en prison n’apporte aucune connaissance et n’élimine qu’une contingence qui se reproduit sans fin. Le refus de la peine de mort et de la prison à vie comme solutions n’est pas d’ordre moral ; c’est la mise en route d’un processus qui « oblige » à comprendre pourquoi non seulement tel individu a pu devenir un meurtrier – c’est ce que permet le tribunal – mais aussi en quoi c’est une spécificité de notre espèce. Cette démarche peut permettre de trouver d’autres solutions pour traiter le cas particulier et une réponse globale que les solutions actuelles empêchent de chercher. Démarche utile aussi, pour la guerre
2 – « Le droit est une pratique et n’a jamais été, n’est pas et ne sera jamais une philosophie. » Sur quoi est-il fondé par ceux qui en décident, si ce n’est sur une philosophie de l’homme et de la société ? Décider la peine de mort n’a pas à voir avec le pragmatisme mais avec, au choix, la loi du talion, la dissuasion, la vengeance, les unes et les autres étant le produit d’une pensée, le plus souvent une idéologie qui ne cède que très difficilement face au réel (l’argument de la dissuasion, par ex). « La société n’a que faire de tels individus » : est-ce que cette phrase censée justifier votre définition du droit n’est pas le produit d’une pensée ? Quel est le critère qui permet de déterminer l’acte qui range son auteur dans la catégorie « tels individus » ? « Les faits suffisent » revient à supprimer le tribunal. Comprendre n’a rien à voir avec tolérer ou accepter ; c’est au contraire tenter de trouver des moyens d’évitement.
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Le lecteur avait atteint son quota.
Limites du dialogue est à comprendre aussi dans ce sens-là.