Fatigue informationnelle

Dans le cadre de l’émission Et maintenant ? (France Culture) Quentin Lafay recevait ce samedi 17 septembre 2022 Guénaëlle Gault, sociologue et directrice générale de l’Obsoco, (l’Observatoire société & consommation).

Résumé : « Selon une enquête, un Français sur deux souffre de fatigue informationnelle. En clair, il se sent débordé, épuisé ou oppressé, par un flux constant d’information dans lequel il n’arrive plus à faire le tri et qu’il n’arrive plus à transformer en connaissances. »

L’état des lieux est bien connu : d’une part, des chaines de télévision et de radio diffusent 24 heures sur 24 des informations dont la plupart sont reprises « en boucle », d’autre part, les réseaux sociaux en activité permanente publient des opinions sur tous les sujets, à quoi il faut ajouter l’étalement des problèmes personnels sur des sites dédiés, et la présence permanente des smartphones.  

La problématique, telle que je la comprends, est celle d’une esquive de la question existentielle dans ce qui peut apparaître comme la construction d’un rapport avec l’autre ( le monde et les autres dans leurs complexités) mais qui en est un évitement.

Les informations en continu et les réseaux sociaux via l’Internet répondent de manière nouvelle à un besoin archaïque qui peut s’exprimer par exemple par ce qu’on appelle ordinairement « sortir ». Avec la différence que celui qui « sort » finit par rentrer, plus ou moins satisfait ou désabusé par ses rencontres (objet souvent traité par la littérature et le cinéma) alors que l’information continue et les réseaux laissent la porte de la rencontre fermée en faisant croire qu’elle est ouverte.

Si les rencontres de celui qui « sort » n’ont pas pour premier objectif avéré la connaissance de l’autre, en revanche, l’information continue et les réseaux peuvent en créer l’illusion : la répétition médiatique est un écho de la répétition de l’apprentissage du savoir enseigné par le maitre à l’école et les échanges dans le réseau que je connais confondent souvent opinion et idée.

J’expérimente donc de manière critique cette problématique par mes interventions, irrégulières, dans l’espace de discussion du Monde et les articles, réguliers, que je publie dans ce blog.

Ainsi, ce questionnement : pourquoi intervenir dans le réseau du journal, et pourquoi ce blog, alors que le dialogue est l’exception dans l’un (je ne parle pas seulement de mes interventions mais de toutes les autres)  comme dans l’autre ?

Je fournis la même réponse qu’à la question que m’a posée mon travail d’enseignement :  je ne fais rien d’autre (consciemment du moins)  que tenter de proposer des problématiques (la constitution d’une imbrication de problèmes) en sachant qu’elles ne sont pas de l’ordre du dialogue, du moins immédiat, en tout cas avec l’autre, sinon avec soi. Je l’ai expérimenté avec les quelques rares professeurs – lycée et université – qui ont su créer des problématiques dont j’ai constaté qu’elles ont peu à peu diffusé au fil des années leur contenu et leurs questionnements.

Quelques réactions dans le réseau des lecteurs du Monde et dans le blog (relativement suivi malgré son caractère quand même austère) confirment que la création de problématiques (quel qu’en soit le vecteur) est la seule construction, même si, comme le corps, elle peut être bancale, qui permettre de comprendre le vivant.

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