Après, était le dernier mot de l’article précédent, suivi de points de suspension qui n’étaient pas sans créer (intentionnellement !)un certain suspense pour ne pas dire un suspense certain. Après, c’est maintenant, autrement dit, après quelques jours plus ou moins confortables, sur terre et sur mer, à essayer de trouver un rapport entre la cuisson des lentilles (vertes et du Puy-en Velay) et l’imprévu qui te vous tombe dessus au moment précis où je me lève pour vérifier si elles sont à point. C’est souvent comme ça : on rencontre une difficulté particulière et on ne pense pas à établir des rapports de causalité événementiels. Bien sûr, on suppute, on cherche avec appareils sophistiqués qui sont capables de voir vos intérieurs organiques (comment faisait-on avant ? même type de question que pour le dictionnaire bilingue sur smartphone surtout quand vous êtes dans un petit village irlandais) mais la question du rapport événementiel n’est jamais posée ! Ainsi, mon médecin ne m’a pas demandé ce que je faisais au moment où… Je ne lui ai pas dit non plus, parce que je ne me voyais pas mettre un plat de lentilles sur le bureau médical.
Je me souviens que la lentille n’est pas une légumineuse anodine : elle a été utilisée par Jacob, le fils de Rebecca et Isaac, comme monnaie d’échange du droit d’ainesse dans un marché avec son frère Esaü.
Depuis, je creuse la question dont vous mesurerez la complexité quand je vous aurai dit que je n’ai pas de frère avec lequel je puisse avoir un conflit de droit d’aînesse.
Ah, mais je ne suis pas homme à reculer devant la difficulté ! D’autant, qu’à bien m’en souvenir, les lentilles avaient un goût inhabituel.