[ Autant prévenir tout de suite ceux – je n’aime toujours pas sellezésseux – qui ont besoin de l’être, que l’épisode est aussi long qu’un week-end, ce qui, vous le reconnaîtrez facilement, sauf à être de mauvaise foi, tombe à pic – ne pas confondre avec couper à cœur.]
Voici la partie essentielle du mail envoyé par GE. Je l’ai reproduite en caractères gras. Asseyez-vous confortablement dans un fauteuil à accoudoirs, demandez à votre épouse ou votre époux ou à qui vous voudrez de vous le lire lentement, et empoignez fermement les accoudoirs.
« JE et GE décident d’écrire le bonus d’un film de Luc-Jules Jumeau qui n’existe pas (le film, pas LJJ), de le persuader de gré ou alors de vive force qu’il l’a déjà tourné, qu’il connaît un grand succès populaire et de faire de cette gageure le sujet d’un livre qu’on présentera à un grand éditeur en le convainquant avec des arguments massues au besoin physiques qu’il va constituer le scénario du prochain film de Luc-Jules Jumeau.
Suit la liste des différentes étapes de l’entreprise : séduire, convaincre, impressionner, intimider, corrompre, faire de la publicité, susciter l’intérêt, persuader, émouvoir, faire appel à un leader d’opinion pour influencer, transformer les interrogations et les doutes en affirmations.
Je me dis, en respirant calmement que j’ai vraiment intérêt à faire le point – une métaphore maritime utile quand on est perdu en mer ou ailleurs – et pour vous et pour moi. Surtout pour moi.
Voici le point.
GE et moi, JE, sommes en quelque sorte des clones de Georges Van AA et JiPé X qui sont aussi les nôtres – voir plus haut – et nous nous sommes embarqués – toujours la métaphore maritime – dans une aventure puissante, virile et forte, comme celle de deux hommes qui se rencontrent comme je l’ai raconté – voir plus haut – et qui, sautant dans une barque qui se trouve là – je suis toujours dans la même métaphore, et la barque est là parce que ça m’arrange – attrapent chacun une rame et se disent qu’ils vont réussir à traverser la mer. Inutile de préciser qu’ils n’ont jamais ramé, encore moins ramé de conserve (comment l’auraient-ils pu sans avoir d’abord ramé chacun de son côté ?), et que tout le monde sait qu’il faut beaucoup d’entraînement pour ramer de conserve, surtout si on veut traverser la mer où il n’y a pas de panneaux de signalisation. Sans entraînement préalable, la barque n’avance pas comme elle avancerait si les deux rameurs s’étaient entraînés séparément puis ensemble. Ce qui fait qu’on risque de tourner en rond, et c’est très embêtant sur la mer parce que on ne s’en rend pas compte à cause de l’absence de routes matérialisées, de chemins balisés, et, je l’ai indiqué, de panneaux de signalisation. Et puis, relativement à la conserve dont je parle, Georges van AA est belge et moi pas, quoique mon nom – enfin un de mes deux noms – X (ixe, je rappelle), soit un nom connu en Belgique. Mais, tout de même, je ne suis quand même pas belge. A bien y réfléchir, « quand même » ou « tout de même« , qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire ?
Le premier enjeu de la gageure est de parvenir à ramer harmonieusement ; en d’autres termes, il s’agit de faire du « ramer de conserve » qui n’est en principe qu’un moyen, une fin, et ça !
Le deuxième enjeu, est de traverser la mer (pas la vraie, je suis toujours dans la métaphore maritime) pour arriver dans ce qui n’existe pas encore et dont l’existence est conditionnée par le gain du premier enjeu.
Je décide donc de commencer par la fin qui pourrait tout aussi bien être le début, à savoir la lettre qui doit convaincre LJJ qui, on le sait, est le mieux à même de.
D’emblée, j’affronte la redoutable et décisive question de l’intitulé. J’ai le choix entre :
« Monsieur Luc-Jules Jumeau… Cher monsieur Luc-Jules Jumeau… Cher Luc-Jules Jumeau… »
J’hésite. J’ai assez vite écarté le « Ô, très cher Luc-Jules Jumeau ! Ô vous, le génial réalisateur de cinématographe que nous idolâtrons ! » parce que ça fait (un peu et même plus qu’un peu) pute.
J’hésite aussi à propos du « cher ».
D’un côté, c’est très convenu, surtout dans le monde du cinéma où « cher » et « chérie » sont très utilisés puisqu’il est bien connu que c’est un monde sans rivalités ni compétitions d’ego où tout le monde s’aime très fort, et El Jiji… tiens si je l’appelais comme ça ?… ne va même pas le remarquer.
D’un autre, sans le « cher », c’est un peu sec, impersonnel, donc LJJ va le remarquer, il risque d’être indisposé, et Georges van AA a beaucoup insisté sur séduire. Et pour séduire il faut commencer par faire sourire. Le rire vient après et nous savons que le rire est le propre de l’homme. Non, il n’est pas le sale de la femme, je vous en prie !
Poussé par je ne sais quel désir enfoui (oui, enfoui, pas enfui, je précise pour MA et GE et aussi pour tous les Belges qui liront), je lis et relis le passage de la scène du Bourgeois Gentilhomme où le maître de philosophie propose à Monsieur Jourdain les variations de la phrase géniale qu’il a composée pour Dorimène « Belle marquise, vos beaux yeux me font mourir d’amour », jusqu’au moment où je trouve enfin l’intitulé.
Ce sera « Jumeau Monsieur Jules-Luc Cher », avec des majuscules à tous les mots pour commencer à séduire et à déjà impressionner un peu aussi par effet de surprise.
Il est impossible, en effet, que le cinéaste n’écarquille pas ses yeux – dans un premier temps – puis ne sourie pas – dans un deuxième temps – puis n’éclate pas de rire – dans un troisième temps – avant de parcourir d’un œil à la fois curieux, intéressé, passionné, donc séduit – et hop !voilà l’objectif atteint ! – la missive – dans un quatrième temps.
Ensuite, scripsit Georges van AA (dixit, c’est le mot savant latin pour dire qu’il a dit, mais là, il a écrit), il faut convaincre et impressionner (ce qui a déjà commencé, si vous avez bien suivi). A la réflexion, et après avoir pesé le pour et le contre, la charrue et les bœufs, j’inverserai les étapes : impressionner pour convaincre.
Donc, impressionner.
Comment impressionner un réalisateur de films qui n’utilise plus de pellicule ?
Par le culot.
« Vous n’avez pas oublié que c’est en grande partie grâce à nous que votre projet du Complexe Belge du Cinéma a pu voir le jour… ».
C’est vrai que c’est très gonflé, mais plus c’est gonflé et plus ça vole haut. C’est ça, avoir du cul haut. On a sans doute modifié l’écriture pour des questions de décence. On dit aussi « péter plus haut que son cul » (là, pas moyen de modifier puisque le cul est forcément plus bas que le pet), mais l’expression ne conviendrait pas, ici.
Après, il faut laisser LJJ sur sa faim. Tout est dans le « en grande partie » qui le plonge dans la perplexité que font naître les souvenirs si nombreux pour un événement aussi complexe qu’ils autorisent toutes les audaces, la nôtre en l’occurrence.
Ensuite, convaincre.
« Ce que nous avons fait pour e CBC, nous pouvons le refaire pour le Bonus du scénario à venir dont la réalisation a connu le succès que vous savez. »
Convaincre, ici, passe par l’énigmatique et la logique du raisonnement syllogistique.
Je m’explique.
L’énigmatique (en tant que concept, s’entend !) se greffe sur la vraiment très forte impression – c’est expliqué juste au-dessus – laissée par l’aide décisive que GE et JE affirment avoir apportée à LJJ qui voit poindre à l’horizon radieux les prémices d’un nouveau succès planétaire. D’autant que l’éditeur va intervenir. Mais chaque chose en son temps. Un peu de patience.
Quant au raisonnement syllogistique appelé syllogisme, il est simple comme le jour et suffisamment connu pour que je n’insiste pas. Pardon ? Vous êtes sûr ? Oui ? Bon.
Il commence par une majeure « Tous les hommes sont mortels », passe par une mineure « or je suis un homme » et finit par une conclusion « donc je suis mortel ».
Imparable. En principe. Je ne parle pas seulement de la conclusion – encore que, tant que je ne suis pas mort, il reste quand même (quand même que quoi !) un doute – non, mais de la valeur de ce type de raisonnement. J’y reviens juste après avoir fini mon explication relative à l’importance du syllogisme pour convaincre LJJ qui, après avoir lu la phrase, se dit aussitôt in petto :
« Oh ! Oh ! Les deux signataires de la lettre – GE et JE, drôles de noms… – disposent de moyens considérables ! Or, ils m’ont aidé à la réalisation de la CBC, donc ils m’aideront à réaliser le scénario à venir dont la réalisation a connu le succès que vous savez. »
Voilà ce qu’il se dit obligatoirement en plissant le front. Quoi ? Mais non ! pas pour retrouver le film qu’il aurait tourné et qu’il a oublié !
Eh oui ! c’est là que réside notre grande habileté ! nous avons réussi à mobiliser toute son attention sur la réalisation pharaonique du CBC dont il cherche – d’où le plissement du front – en quoi les dénommés GE et JE dont il n’a pas le moindre souvenir ont pu être pour une grande part les contributeurs. Eh oui, ! nous avons finement employé la méthode prophylactique de l’accouchement.
Non. La grande, la vraie, la seule difficulté se situe in le raisonnement lui-même, en d’autres termes, elle lui est intrinsèque. Dedans, si vous préférez.
La question est de savoir si LJJ dispose des outils philosophiques suffisants pour percevoir la faiblesse intrinsèque du syllogisme [ tenez, par exemple, cherchez où est l’erreur dans « Tout humain est mortel, or un chat n’est pas humain, donc il n’est pas mortel »] et nous renvoyer en pleine figure notre raisonnement syllogistique.
De deux choses, l’une : ou il en dispose ou il n’en dispose pas.
S’il n’en dispose pas, nous pouvons tout de suite aller dans la case « faire de la publicité ».
S’il en dispose, il faut passer par les étapes « intimider et corrompre ». (c’était dans les précision techniques du mail de Georges Van AA, voir plus haut)
1° Nous supposons qu’il en dispose.
Donc il va reprendre la majeure du raisonnement que nous lui avons sournoisement instillé dans l’esprit (« Oh ! Oh ! les deux signataires de la lettre – GE et JE… drôles de noms – disposent de moyens considérables !») et l’examiner d’un point de vue critique en se disant toujours in petto : « Non mais, qui sont ces deux zozos outrecuidants et quels sont ces moyens considérables dont ils prétendent disposer ? »
Avant qu’il n’ait pu réaliser que cette majeure est sujette à caution, et avant d’intimider, de menacer, et, si nécessaire, de corrompre à coups de liasses de billets de cinq euros usagés reliés par des élastiques et rangés dans une valise qui ne paie pas de mine pour ne pas attirer l’attention, nous glissons, subrepticement, pour finir d’impressionner :
« L’éditeur à qui nous avons soumis le projet qui lui a fait pousser des cris d’enthousiasme nous a versé une avance sur droits d’auteur (par pudeur, nous en tairons le montant faramineux) pour le Bonus qu’il compte tirer sur papier vergé (210g. ivoire) à six cent mille exemplaires numérotés. Dans un premier temps. ».
Vous avez remarqué « Dans un premier temps » qui vient quand on ne l’attend plus ? Ah, l’art de la rhétorique !
Mais sera-ce suffisant pour emporter la décision de LJJ ?
Dans le doute, nous décidons de ne pas nous abstenir et de mettre en œuvre une fine stratégie d’intimidation et de menaces à la fois psychologiques et physiques : il faut agir de manière concomitante, simultanée, parallèle et synchronique sur l’esprit et le corps, l’un et l’autre étant en relation corrélative, comme on sait.
Bien.
Nous décidons donc d’insérer dans la lettre cette phrase, qui, au premier abord, n’a l’air de rien : « Dans l’hypothèse à laquelle nous nous refusons de croire où vous ne partageriez pas immédiatement l’exaltation de l’éditeur, nous vous signalons que nous sommes prêts à tout révéler. Et quand nous disons tout, sachez bien, Jumeau Monsieur Jules-Luc Cher, qu’il s’agit vraiment de tout. »
Vous avez remarqué, le tout, en caractères gras ? Hé, hé, hé !
Certes, nous n’avons rien à révéler, mais alors vraiment rien ! mais la lecture approfondie des Pensées de Pascal que nous commentons régulièrement, GE et moi, au Café de la Bourse, le vendredi matin, devant un chocolat chaud, un café quand il fait froid ou un Perrier-menthe glacé ou un petit blanc sec quand il fait chaud tandis que MA et FRA sont occupées à parler de choses et d’autres, devant une noisette ou un déca allongés quelle que soit la température… Cette lecture, disions-nous, nous a confirmés dans l’idée que tout le monde a toujours quelque chose à cacher, comme par exemple un cadavre dans un placard, un tampon dans une cours de récréation ou un sexe derrière une feuille de vigne. Sans parler de la misère.
Nous partons donc de l’hypothèse toute simple et géniale à la fois que si nous ignorons la sombre partie cachée de la vie de LJJ, lui la connaît et n’a pas envie que nous la divulguions parce qu’il ne sait pas que nous ne savons pas ce qu’il sait et que nous ignorons.
Voilà pour la menace psychologique.
Maintenant, l’intimidation et les menaces physiques.
Comme MA se refuse à nous prêter son couteau à dépecer les sangliers que GE cogne régulièrement avec son 4×4 sur la piste qui descend vers leurs cases, je lui propose de prendre son coupe-coupe incurvé. Nous échangeons un regard empreint d’une lourde gravité (il y a des gravités plus lourdes que d’autres) avant d’opiner de conserve en constatant par la même occasion que nous faisons beaucoup de conserve depuis quelque temps.
Nous irons donc sonner à la porte de LJJ et nous nous présenterons le coupe-coupe incurvé à la main.
– Au fait, tu sais où il habite ? me demande incidemment Georges Van AA en glissant le redoutable instrument dans une gaine également incurvée de cuir fauve patiné par le temps et dont il a essuyé sur la lame les traces de sève accumulée des dizaines de micocouliers abattus.
– Non, réponds-je. Et toi ? demandé-je tout aussi incidemment.
– Non plus.
– Ah…
Il pose à terre le coupe-coupe gainé de cuir fauve patiné et nous nous asseyons chacun sur une souche pour échanger nos supputations.
Nous sommes d’accord, LJJ, tout belge bruxellois qu’il soit, vit à Paris, c’est obligé, tous les hommes importants vivent à Paris. Nous non, mais il faut toujours une exception pour confirmer une règle… C’est sans exception… Alors, ce n’est pas une règle… Pourtant, nous croyons fermement qu’un jour nous serons importants… Nous n’irons pas pour autant habiter à Paris… Ce sera l’exception de la règle sans exception qui n’en est pas une. Voilà tout.
Ce qui, entre brèves parenthèses, ne veut pas dire que tous les hommes qui vivent à Paris sont des hommes importants, non, mais que les hommes importants profitent du grand nombre d’habitants pour se camoufler au milieu d’eux, et aussi sur les côtés, et pouvoir ainsi aimer se promener incognito sur les grands boulevards en signant des autographes, aller dîner incognito dans des grands restaurants – quand ils entrent, le maître d’hôtel leur dit bonjour monsieur Luc-Jules Jumeau (si c’est lui qui entre, sinon il dit un autre nom) en parlant de telle manière que la femme ordinaire qui a déjà commencé à manger son œuf mimosa puisse entendre et dire à l’homme ordinaire assis à côté d’elle en le poussant du coude, dis, t’as vu, on dirait Luc-Jules Jumeau !.. Ah ! Je dirais pas… Mais puisque je te dis !… Ben, je le voyais pas comme ça… C’est peut-être son besson… Avec un nom pareil… Si vous voulez bien me suivre jusqu’à votre table où je vous précède en n’ayant l’air de rien quoique quand même (et encore, ça y est !) un peu – faire des courses dans les magasins qui louent les services d’un extraterrestre musclé déguisé en homme pour ouvrir la porte quand vous arrivez incognito (pas vous, mais Luc-Jules Jumeau), bref pouvoir être anonymement reconnu incognito.
Nous ouvrons alors un Bottin que Georges Van AA a déniché aux « objets perdus » dans l’annexe de la mairie de sa commune et qui n’a pas été réclamé depuis un an et deux jours.
LJJ n’est pas dans le Bottin. Sur internet, on trouve tout sur lui, jusqu’à la mention qu’il a obtenue au certificat d’études primaires (quand même ! deux fautes à la dictée, dont un accord oublié du participe passé conjugué avec l’auxiliaire avoir alors que le COD était placé avant !), mais pas son adresse. Ils ont dû oublier. Et c’est très ennuyeux, non seulement pour le facteur, mais pour nous qui prévoyions d’aller sonner de conserve à sa porte pour nous présenter avec le coupe-coupe incurvé, après qu’il aurait reçu la lettre que nous lui aurions envoyée par la poste et qu’il aurait découverte dans sa boîte en se disant tout en se grattant le front avec perplexité « Tiens, qui c’est qui m’écrit ? ».
Pourtant, GE et moi, JE, sommes dans le Bottin. Moi, je l’ai déjà dit, je réside avec FRA à G***, ce qui est très banal.
En revanche, GE et MA, eux, habitent, je l’ai également déjà dit, au cœur d’une forêt vierge, le lieu-dit Le sanglier bleu dont s’est inspiré Simenon pour le titre de son roman qu’il a intitulé Le chien jaune afin qu’on ne fasse pas le rapprochement et qu’ils puissent continuer à couler des jours heureux dans l’intimité de la nature sauvage qui, en même temps qu’elle les environne, avance de toutes parts.
Sans adresse précise, nous ne pouvons prendre le risque de partir pour Paris. Eussions-nous résidé dans une banlieue, disons jusqu’à Valence nord-nord-ouest, nous eussions tenté l’aventure – Hardi, les gars, vire au guindeau, good bye Farewell ! –, mais un tel voyage depuis la vallée profonde où résident GE et MA s’apparente à une expédition qui demande des préparatifs dont l’importance et le coût ne peuvent se justifier que par la certitude de parvenir devant une porte parisienne sur laquelle sera fixée la plaque portant le nom inscrit en italiques (les noms sur les plaques sont souvent en italiques, je ne sais pas pourquoi, c’est comme ça) Luc-Jules Jumeau.
– Qu’à cela ne tienne, concluons-nous, toujours et encore de conserve et d’un commun accord. Nous allons envoyer notre lettre à l’adresse du CBC et nous dessinerons à côté de nos signatures un coupe-coupe incurvé avec un point d’exclamation. Il comprendra que nous ne plaisantons pas !
Tout cela, il faut le rappeler, dans le cas où il dispose des outils philosophiques qui lui permettent de mettre en cause le syllogisme instillé par nous dans son cerveau et qui le convainc de notre redoutable puissance.
2° Il ne dispose pas de ces outils philosophiques qui lui permettent etc.
Dans ce cas, tout ce qui précède est nul et non avenu, sans le moindre intérêt, et nous sautons sans plus attendre à pieds joints en nous tenant par la main dans la case faire de la publicité susciter l’intérêt, persuader, émouvoir, faire appel à un leader d’opinion pour influencer pour reprendre les termes exacts de Georges Van AA dans le mail.
Comme il a plu pendant la nuit, la case est pleine d’eau et nous nous plaisons à sauter et sauter encore dans la flaque en nous éclaboussant (de conserve). Nous rions beaucoup. MA et FRA cessent un instant de parler de choses et d’autres pour nous adresser des regards réprobateurs.
Une fois nos chaussures et nos chaussettes installées devant les joyeuses flammes de l’âtre où brûle le dernier micocoulier abattu par Georges van AA, nous continuons la lettre dont l’objet est précisé juste au-dessus en lettres italiques.
« Pensez aux trompettes de la renommée des fanfares municipales, aux louanges dithyrambiques des sous-préfets, aux ovations de la foule en liesse, aux couronnes tressées sur les estrades sous les préaux des écoles, aux piédestaux* (*un cheval des chevaux, un piédestal des piédestaux ) sur les places des villages, aux interviews à Radio-Cévennes-Sud-Sud-Est ! »
– Hum… hésite GE, je me demande si on n’en fait pas un peu trop… Tout ça, d’un coup… Est-ce que ça ne risque pas de lui monter à la tête ?
– Ah… L’ivresse de la gloire… opiné-je, pensif.
– J’ai peur que le succès de ses films et le CBC, lui apparaissent brusquement comme du pipi de chat ou de la roupie de sansonnet.
– Un choc psychologique, en quelque sorte, dis-je en tâtant une chaussette. Elle est encore humide. La vanité du monde. Elle sent un peu. La rencontre de l’absurde. Je me suis toujours demandé comment ça se tricote.
Inexorable, le temps passe, rythmé par le tic-tac d’une vieille et robuste horloge franc-comtoise qui égrène les secondes comme une dévote les grains de son chapelet….
Quelques heures plus tard….
(à suivre)