Chapitre 1 : Le vendredi matin en général
Le vendredi matin, je me rends au marché de G***. Ailleurs, dans d’autres villes, les marchés ont lieu d’autres jours, par exemple le mercredi et le samedi à Bourg-en-Bresse. Au Vigan (peut-être devrais-je dire à Le Vigan ?), c’est le samedi seulement parce qu’il y a beaucoup moins d’habitants et qu’il s’agit d’une sous-préfecture du Gard alors que Bourg-en-Bresse est la préfecture de l’Ain.
G*** n’est ni l’une ni l’autre, elle n’est située ni dans l’Ain dont elle est très éloignée ni dans le Gard dont elle est très proche, mais dans l’Hérault (le département, pas le fleuve), et le marché – il y en a bien un le mardi, mais il est si petit qu’on pourrait l’appeler le « trottiné », je dis cela pour ceux qui se plaisent à rire avec les ressemblances phonétiques des mots, ce qui n’est pas mon cas – je disais que le marché s’y tient le vendredi matin, ce qui n’a aucun rapport, bien qu’il soit plus important que celui du samedi au Vigan (à Le Vigan ?) mais moins que celui du mercredi à Bourg-en-Bresse.
Encore que… Oui, il n’est pas impossible que les jours aient été ainsi fixés par une autorité supérieure pour que ceux qui aiment le marché en général puissent se rendre aux différents marchés en particulier.
Pour compléter le « trottiné » ci-dessus, il me semble utile de préciser que « aimer le marché » n’a rien à voir avec « aimer le marcher » (comme on dit aimer le boire et le manger) même si l’on ne peut faire son marché qu’à pied et en piétinant beaucoup à cause des interminables queues inorganisées aux étals des marchands forains qui ne sont jamais assez nombreux pour servir les clients de sorte que certains parviennent toujours à mettre à profit cette situation anarchique et à proclamer de manière péremptoire « C’est à moi ! » quand le marchand forain a demandé « A qui le tour ? » bien que le tour ne soit pas à eux, pour autant qu’un tour puisse être à quelqu’un… sauf s’il est de taille ou de reins … encore que de reins soit discutable puisqu’en réalité c’est autre chose qu’on tourne, pour autant qu’on le tourne vraiment. De sorte aussi qu’on est beaucoup plus fatigué après un marché d’une heure qu’après un marcher de quatre ou cinq heures sur un chemin de dénivelé moyen. Entre brèves parenthèses, on piétine aussi beaucoup dans les musées, sauf dans les salles qui présentent des tableaux du 17ème siècle français qu’on peut traverser avec de grandes enjambées dédaigneuses impossibles sur les places des marchés pour les raisons d’encombrement que j’ai dites.
Donc, pour en finir et une bonne fois pour toutes ! avec cette question du rapport entre marché et marcher, on peut aimer la randonnée et ne pas aimer faire des transactions commerciales sur les places publiques comme faisaient les Athéniens sur l’agora et les Romains sur le forum à l’époque antique, agora et forum étant les noms qu’ils donnaient à leurs places du marché.
Hum… à la réflexion, je doute quand même du bien fondé de mon explication de l’étalement des jours de marché dans les différentes villes, puisque, toute considération de distance résolument écartée, je ne vois vraiment pas pourquoi je me rendrais au marché du Vigan (de Le Vigan ?) ou à ceux de Bourg-en-Bresse après avoir fait mes achats la veille à celui de G***.
Hum… il faudra quand même que je creuse cette question pour comprendre pourquoi tous les marchés de France n’ont pas lieu le même jour, ce qui augmenterait le nombre de marchands forains qui n’auraient plus à aller d’une ville à l’autre et qui pourraient donc se fixer en construisant des magasins en dur ce qui leur éviterait d’avoir à installer et à désinstaller leurs étals, surtout quand il pleut. Et aussi pourquoi seulement le matin et pas l’après-midi – l’argument de l’approvisionnement pour le déjeuner ne tient pas, à cause des réfrigérateurs et des congélateurs. Sans parler du dîner.
Bref.
(à suivre)