« Vous n’aurez pas ma haine »

« Guy Coponet, 92 ans, a décrit l’horreur de l’attaque [le meurtre du père Hamel dans l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray, le 26 juillet 2016] devant la cour d’assises spéciale de Paris. »

Extraits :

« Il est rare d’entendre un « Je vous salue Marie » en pleine cour d’assises. Et plus encore de ne pas juger cela déplacé. Le témoignage de Guy Coponet, jeudi 17 février, grièvement blessé dans l’attentat de l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), suivi de celui de Roseline Hamel, la sœur du prêtre assassiné le 26 juillet 2016 par Adel Kermiche et Abdel-Malik Petitjean, ont transformé un temps en cathédrale la salle Voltaire de la cour d’assises spéciale de Paris. »

(…)

« Roseline Hamel [la sœur du prêtre] est allée à la rencontre d’Aldjia Kermiche, la mère de l’un des deux terroristes, habitante de Saint-Etienne-du-Rouvray. « Ma famille correspond à cette famille Kermiche : le même nombre d’enfants, le papa routier », dit la sœur, qui donne maintenant des conférences sur le pardon dans les églises. Elle lance aux accusés : « Même avec ma grande souffrance qui persiste, comme celle de ma famille, vous n’aurez pas ma haine. »

Ma contribution

Dans quelle mesure « Vous n’aurez pas ma haine » est-il une réponse pertinente, j’entends pour les meurtriers et leurs complices – d’une manière générale pour ceux qu’on appelle « terroristes » ? Les « cris de haine », sont, à la fin de L’Etranger (Camus) ce que souhaite Meursault lorsqu’il sera exécuté après sa condamnation à mort pour le meurtre d’un Arabe : il aura ainsi la confirmation qu’il est réellement étranger à un monde pour qui rien n’est plus insupportable que le refus du « sens », et qui, dans la fiction du roman, ne comprend pas pourquoi le fils ne pleure pas lors de l’inhumation de sa mère et pourquoi l’agression du soleil peut conduire à un geste qui entraîne la mort. Questions : si la haine est bien cela, quel est donc le « sens » dont les actes meurtriers dits « terroristes » (aux cibles diverses) signifient le refus ? Ce « vous » désigne-t-il seulement ces prévenus-ci ? Pourquoi invoquer la haine alors qu’elle n’a pas été revendiquée ? Et s’ils n’auront pas la haine, qu’auront-ils ?

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