« Picasso, étranger, anarchiste, donc suspect. Le Musée de l’histoire de l’immigration, à Paris, montre, à travers une riche exposition, comment l’artiste a été maltraité par l’Etat français et ses administrations. (…) Il l’est dès son arrivée à Paris, parce que Montmartre est un quartier prolétaire, de mauvaise réputation politique depuis la Commune, et celui où vivent des compagnons anarchistes, de toutes nationalités. Ils sont espionnés par des mouchards, qui rapportent ragots et soupçons. Ceux qu’ils ramassent ou inventent sur Picasso alimentent un rapport du 18 juin 1901, signé d’un commissaire nommé Rouquier. Pour lui, Picasso a deux torts : il est logé par un Catalan, Pedro Mañach, réputé anarchiste et violent, et il peint des mendiants, des saltimbanques et des filles « de mauvaise vie ». De tels motifs douloureux ne peuvent intéresser qu’un artiste hostile à l’ordre bourgeois, en déduit le commissaire, qui conclut que Picasso « partage les idées de son compatriote Mañach, qui lui donne asile. En conséquence, il y a lieu de le considérer comme anarchiste ». Cela, donc, en 1901. (…) » (A la Une du Monde – 06.11.2021)
Quelques réactions
« Peu importe, Picasso est bien dans l’histoire comme un génie artistique. Pareil pour Caravaggio. »
« Picasso a été très violent avec ses femmes et des enfants, physiquement et psychologiquement….tout est documenté. Mais c’était un peintre génial donc… »
Une réponse :
« En effet, et cela n’est jamais mentionné. C’est encore l’omerta dans le monde artistique, où la côte de certains pourraient souffrir si ces choses devaient vraiment publiques. « Ah, vous avez acheté ce Picasso, où il peint sa femme en pleurs juste après l’avoir frappée?! Que c’est beau et courageux! »
« L’article passe à côté de son sujet, les liens entre un artiste et l’administration et le pouvoir de son époque. Les relations entre Picasso et l’Etat français me semblent correspondre à un véritable artiste libre et engagé.C’est sûr que les artistes célébrés de notre époque, style Soulages, Burren et milles autres qui remplissent les Fondations, sont d’une autre catégorie, les laquais du pouvoir. »
« Picasso était COMMUNISTE ! Membre du PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS ! »
Une réponse :
« Quelle prescience du policier en 1901 de prédire que Picasso sera membre d’un parti encore loin d’exister, fondé seulement en 1920. Une prescience à peine moindre pour celui de 1940 qui prévoit que Picasso adhèrera à ce parti quatre ans et demi plus tard. A moins que, plus prosaïquement, il ne s’agisse de l’inculture étalée de l’analphabète du quartier. »
La mienne :
Oui, Picasso était communiste. Et… ? Pourriez-vous faire la liste de tous les écrivains, peintres, artistes en général, qui étaient communistes à cette époque et nous expliquer en quoi cela constitue une explication ? Et de quoi, exactement ?
Ma contribution
Picasso n’est pas le seul à avoir été et être encore – si je lis bien certaines contributions – jugé coupable parce que communiste. Caïus et Tiberius Gracchus, par exemple, assassinés à Rome au 2ème siècle avant notre ère. On pourrait aussi accuser Platon, parce que, vous savez, dans La République… La liste n’est pas close. Voyez du côté du maccarthysme. A se demander si le « commun » ne serait pas une préoccupation inhérente à l’espèce humaine. Allez savoir pourquoi elle fait aussi peur au point de produire de tels excès et de tels errements. Dans la mise en œuvre du communisme et dans sa détestation. Il doit y avoir, quelque part derrière, un quelque chose qu’on ne veut pas regarder en face…