Le culot sidérant de F. Hollande

Hier, j’avais entendu que l’ancien président serait l’invité des Matins de France Culture animés par Guillaume Erner (7 h 00 > 9 h 00 – 26.10.2021).

Sachant que la nature a horreur du vide et que je suis un élément de cette nature, j’ai pris le temps de me préparer à ce que je pressentais comme une épreuve vertigineuse que j’ai décidé de ne pas esquiver. Un peu plus loin, j’essaierai d’expliquer pourquoi. Je prends mon petit-déjeuner à 7 h 00 en écoutant cette radio, mais ce n’est pas une raison.

 Affronter  est le titre du livre qu’il vient de publier et qui justifiait son invitation. Il y a dans affronter : front  (dans le sens avoir le front, l’audace) et  affront.

Le discours coche parfaitement les deux sens.

Le front, autrement dit le culot hollandais, est sidérant par le décalage abyssal entre le discours que tient aujourd’hui le citoyen F. Hollande et celui qu’il a tenu pendant des cinq années où il fut président (2012-2017) ; l’affront consiste à faire comme si nous, les auditeurs, étions frappés d’amnésie.

Exemples de culot :

>> « La mission majeure du président de la république c’est que l’unité du pays soit préservée et rien n’est pire que l’éclatement, la division, de ce point de vue je peux dire que le futur président devra réconcilier les Français. »

Rappel : l’unité du pays était telle à la fin de son mandant qu’elle le dissuada de se représenter.

Lorsque G. Erner lui demande : « Ils sont plus désunis aujourd’hui qu’ils ne l’étaient à la fin de votre quinquennat ? La loi travail a suscité beaucoup de colère il y avait beaucoup de débats, votre popularité était inférieure à celle d’E. Macron aujourd’hui… », il répond  (non sans bafouiller à deux reprises)  « qu’il y ait des contestations, des manifestations, cela fait partie de la démocratie ».

>> A propos de l’école, il fait cette proclamation originale, novatrice pour ceux qui penseraient que l’instruction des enfants n’a aucune importance et qu’il est inutile d’en parler : « Il faut avoir un projet éducatif et on ne sortira pas des contradictions qui sont les nôtres aujourd’hui, des difficultés, on le voit bien dans les tensions des sociétés et le creusement des inégalités, s’il n’y a pas un grand projet éducatif qui passe bien sûr par une présence beaucoup plus forte dans les zones et les quartiers sensibles et l’accompagnement des enfants et dans l’accès à l’enseignement supérieur parce que c’est l’élévation des qualifications qui fera que notre pays pourra être au rendez-vous. »

D’accord, il ne précise pas de quel rendez-vous il s’agit, ni où il aura lieu, mais comprenez qu’après un tel effort (une phrase de près de 7 lignes et sans reprendre sa respiration ou alors à peine) il ne puisse que chercher son souffle avant de livrer cette enthousiasmante et lyrique conclusion : « Il n’y a pas de projet politique sans espérance ! »

A cet instant, mon émotion est telle que… Il y a heureusement  le ravissement tout intellectuel de cette éblouissante analyse : « Je rappelle cette loi qui n’est pas écrite, c’est que F. Mitterrand a été élu en 1981 et il y avait cinq candidats de gauche, j’ai été élu en 2012, il y avait 5 candidats de gauche, donc ce qui compte, c’est qu’il y en a un qui soit plus fort que les autres. »

Je ne sais pas vous, mais moi, il m’arrive parfois de me demander pourquoi je me suis levé, quel est le sens de ma vie, pourquoi je suis né, etc. Après avoir entendu cela… comment dire… vous, je ne sais pas, mais moi, je pense à Pentecôte, quand l’esprit saint tombe en langues de feu sur la tête des apôtres. Tout devient clair, lumineux, on en devient muet.

Et pour finir, sa proposition de légaliser le commerce et l’usage du cannabis – je ne reprends pas à dessein son analyse, aussi originale que celle du plan éducatif, il faut être prudent, je pense au choc émotionnel que créent les grandes découvertes  –   à propos de laquelle le journaliste Stéphane Robert lui demande, mais très vite, et avec une grande perche tendue « C’est quelque chose que vous auriez pu défendre quand vous étiez en exercice où est-ce que la France n’était pas encore mûre ? » qu’il saisit au vol : « Voilà, je pense qu’il y a une évolution. »

Ouf…

Alors, oui, pourquoi ne pas esquiver une telle épreuve ?

D’abord, parce que j’ai voté pour lui en 2012 et que je ne me suis toujours pas réconcilié avec moi-même pour ce geste. Autrement dit, j’ai encore des comptes à régler.

Ensuite, parce que j’essaie de comprendre ce que peut signifier un tel culot.

Une des expressions de l’indécence politique du moment ?

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