Dialogue à propos de compagnies pétrolières

« Changement climatique : comment Total et Elf ont contribué à semer le doute depuis des décennies. Une étude révèle que les deux compagnies pétrolières, bien que conscientes des risques dès 1971, ont mis en doute les données scientifiques qui menaçaient leurs activités. » (A la Une du Monde – 20.10.2021)

Ma contribution :

Un procès ? A qui ? Aux compagnies qui ont tout fait pour maintenir leur rente le plus longtemps possible ? Ces compagnies (et pas seulement elles) ne sont que l’expression la plus visible du principe du capitalisme dont on retrouve les démesures massives depuis la fin du 18ème s. et dont l’équation (être =avoir plus) nous constitue en tant qu’espèce humaine. C’est cette équation qui est la cause et qui est délicate à considérer parce qu’elle touche à l’angoisse essentielle, spécifiquement humaine. S’attaquer aux excès est sans doute utile mais ce qu’un procès réduira ici surgira ailleurs avec à la clé le même risque de démesure. Le problème auquel nous sommes confrontés de manière urgente n’est pas l’écologie (elle n’est qu’une pratique) mais  la conscience spécifique que nous avons de notre fin et les stratégies de contournement que nous mettons en place. Même s’il est à certains égards criminel, le déni climatique à des fins intéressées n’en est qu’un exemple.

Une réponse :

« Tout à fait d’accord. Un procès ne transformera pas une doxa profondément ancrée, et n’en gommera qu’une aspérité. Et c’est un défi monumental de vivre une époque ou la conscience de notre finitude ne pourra plus se dérober, justement, parce qu’elle redeviendra tangible, comme elle l’a été pendant des siècles. Etre au pied du mur aura forcément des conséquences chaotiques. Mais c’est, paradoxalement, peut être au sein de ce chaos que réside notre unique espoir de dépasser la crise, voire d’imaginer une inéquation du genre « être > avoir plus » (moi j’ai besoin d’espoir, sinon je ne suis rien…) »

Ma réponse :

Je vous suis. Nous sommes peut-être en effet en train de vivre la contradiction dialectique de l’équation dont vous suggérez la résolution par une inéquation. Elle implique une reconsidération du rapport du sujet à l’objet qui pourrait aller jusqu’à la dissociation des deux. Etre sans besoin d’avoir, ce qui pose ce problème : nous disons « j’ai un corps » et « j’ai un esprit/âme » ce qui veut dire que « je » n’est ni corps ni esprit/âme : le corps qui devient le cadavre et l’esprit qui n’existe pas sans le corps qui devient cadavre expliquent sans doute ces expressions proprement absurdes et le rapport à l’objet en tant que transfert d’immortalité  = plus j’ai ( = accumulation de toute sorte, de la pierre précieuse aux capitaux en passant par la collections de bouchons) plus je suis, moins je meurs. 

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