« Pour l’historien Sébastien Ledoux, Emmanuel Macron « produit un récit héroïque traditionnel lorsqu’il met en avant des figures comme Napoléon »A l’heure où se divisent les tenants d’une « nostalgie nationaliste » et ceux d’une lecture victimaire du passé, l’historien et spécialiste des enjeux de mémoire revient, dans un entretien au « Monde », sur la construction du « récit national ». » (A La Une du Monde – 27.06.2021)
Extrait
« Le récit national est un fait social : il institue entre l’Etat et ses concitoyens un contrat narratif et politique qui situe les individus dans des obligations vis-à-vis de la nation – le sacrifice du soldat « mort pour la patrie » en est la scène ultime. C’est un récit d’endettement : il est destiné à susciter l’appartenance à une communauté-nation par le partage d’un même imaginaire historique. Cette mise en récit de l’histoire de la nation repose sur le choix de certains événements et de certains personnages du passé : l’intrigue narrative possède des points d’origine, des référents symboliques et un horizon d’attente. »
Ma contribution :
Que vaut la référence à la mémoire (et au « devoir de mémoire ») présentée de manière plus ou moins explicite comme le remède à un mal qu’on a caché parce qu’il était dérangeant ? On se souvient, on commémore et on règle le problème ? Pour aller au plus sombre : est-ce que la mémoire du nazisme et de ses camps – témoignages, livres, films etc. – a une quelconque utilité quant à l’identification et à l’éradication de l’ « essentiel » qui les a produits ? Ce qui estompe voire occulte le souvenir, est-ce autre chose que le refus de chercher la causalité « essentielle », autrement dit l’invariant qui nous constitue et qui, moins d’un siècle après, peut expliquer le retour des extrêmes-droites et l’engouement persistant et constant pour le nazisme et son fondateur ? Le « roman historique » n’est qu’une stratégie d’évitement.
Ce n’est pas un « récit d’endettement », comme l’écrit l’historien, mais d’enterrement.