« Ils avaient signé une tribune dans Valeurs actuelles, fustigeant le « délitement de leur patrie » face à « l’islamisme » et aux « hordes de banlieues », appelant entre les lignes à un coup d’Etat. (…) Selon les signataires, parmi lesquels vingt-cinq généraux à la retraite, « l’heure est grave, la France est en péril ». « Nous sommes disposés à soutenir les politiques qui prendront en considération la sauvegarde de la nation », ajoutent-ils. « Si rien n’est entrepris, le laxisme continuera à se répandre (…), provoquant au final (…) l’intervention de nos camarades d’active dans une mission périlleuse de protection de nos valeurs civilisationnelles (…) », menaçaient-ils dans ce texte mis en ligne, soixante ans jour pour jour après le putsch des généraux d’Alger. » (A la Une du Monde – 29.04.2021)
Ma contribution :
Il y a aussi cette question : qu’est-ce qui permet de comprendre, non pas tant qu’il y ait des militaires qui aient une telle idéologie (entrer dans l’armée, la gendarmerie ou la police suppose une certaine conception de ce que doit être l’ordre, la patrie, entre autres) mais qu’ils se sentent la possibilité de la publier sous cette forme. Quelque chose comme « on n’a plus rien à perdre » ? Si on retient cette hypothèse, cette forme de désespérance rejoint pour une part celle de ceux qu’on appelle « terroristes » (une étiquette qui n’explique rien), d’autant que le manifeste n’exclut pas un passage à l’acte de type putschiste. La différence est que les « terroristes » tiennent un discours irrationnel alors que les militaires ont la maîtrise de leur discours qui, lui, renvoie à des fantasmes et à des mythes exploités par le FN/RN. Une collusion – plus ou moins voulue et consciente chez les militaires – et une tentative de récupération qui feront des dégâts collatéraux.