« Gérard Depardieu mis en examen pour « viols » et « agressions sexuelles » en décembre. La jeune comédienne qui dénonce plusieurs viols et agressions sexuelles en 2018 au domicile parisien de l’acteur avait obtenu, à l’été 2020, que cette enquête soit confiée à un juge d’instruction. » (A la Une du Monde – 24.02.2021)
Réactions :
Pseudo « avec le temps » : « je ne comprends pas bien pourquoi, après s’être faite violée le 7 août 2018, elle soit retournée lui rendre visite le 13 !? et pourquoi elle a attendu la fin du mois pour porter plainte. le saura t on un jour ? par ex par un jugement ? quelle suspense intolérable… d’autant que je m’en fout complètement. je regrette par contre énormément que tous les 3 jours, 2 femmes sont tuées par leur conjoint en france, et que « le monde » n’y consacre jamais qq article que ce soit. oh, je n’espère pas un article par mois, mais un par an serait me semble t il salutaire. »
> réponse : Pseudo « The Ad » : « Parfaitement d’accord avec vous. Et je suis féministe (et homme) excédé par le patriarcat. « Emprise » pour expliquer de retourner chez son agresseur 6 jours après un viol ? Une personne charismatique devrait se cacher pour ne pas provoquer de fascination ? Que ces sujets sont larges et complexes … »
Pseudo « Lachcor » : « Des choses m échappe sur le nature humaine des hommes et des femmes. Je suis un gentil un simple. Mais bon tu te fais violer ou agresser une fois…. et tu y retournes? Euh…. »
Trois réponses :
> S. Emond : « Ben oui. Je pense qu’il faut avoir fait l’expérience pour le comprendre. Se faire violer, ce n’est pas forcément crier « non, non » et se prendre des coups. C’est aussi ne pas vouloir, tenter de le dire, être écrasé par le pouvoir et la notoriété de l’autre. A nouveau, je ne crois pas que je pourrais le comprendre si je ne l’avais pas moi-même vécu. Et une fois que ça s’est passé, d’abord parfois il faut un peu de distance pour comprendre ce qu’il s’est vraiment passé. Ensuite, on se sent obligé. Le viol c’est la négation de l’individu. Vous n’imaginez à quel point ça casse quelque chose dans ce que vous êtes. »
> pseudo « furusato » : « @ Edmond est intéressant mais nous qui sommes logiques avons beaucoup de mal à comprendre autre chose qu’une pulsion masochiste dans le remettez le couvert une fois. L’automaticité de la valeur d’une accusation sans preuves pose problème en ces temps mauvais de chasse au mâle blanc et lui seul. Donc je ne me prononcerai pas sur ce cas et le rapport entre l’idole enflée et sa proie réelle ou fantasmatique sauf sur ce point où je tique sur la psyché supposée de la personne violée. »
> Pseudo « Elsie » : « @S. Emond : alors peut-être qu’au lieu de nous abreuver tous les 3 jours de récits détaillés d’accusations sordides, Le Monde ferait mieux d’essayer de nous faire comprendre ce qui se produit dans la tête de la personne violée. Parce que vous pouvez le constater vous-même : pour une grande partie des 90 contributeurs, c’est proprement incompréhensible. Ce n’est pas votre ressenti que je mets en doute, mais la manière dont LM traite ces affaires. »
Ma contribution :
Pour traiter ces problèmes, nous faisons appel à nos « logiciels » psychosociaux qui définissent quels sont, quels doivent être, les comportements des uns et des autres, selon une « logique » censée aller de soi. Elle nous dit, par exemple, qu’une femme violée ne retourne pas chez son violeur ou alors, que c’est elle qui a un problème. Je n’ai pas la réponse. Je dis seulement que cette logique doit être questionnée, autrement dit qu’elle n’est pas de nature transcendante, pas intouchable, pas nécessairement absolument vraie. J’ajoute que la démesure que représente la révélation de la plainte et de l’identité de celui qu’elle vise est peut-être le signe objectif (non décidé) de la démesure de cette logique qui tend, sur ces questions-là, à donner les réponses avant les questions.
***
Autre (?) problème, l’accumulation des affaires mettant en cause des célébrités et la manière dont elles sont traitées par les médias. Ainsi, l’avocate de la plaignante a demandé que l’intimité et la vie privée de sa cliente soient préservées, ce qui semble respecté. Qu’il n’en aille pas de même pour la personne accusée – malgré la protestation de son avocat – est peut-être le contrecoup du silence si longtemps imposé par le poids de la « notoriété » non seulement publique, mais aussi familiale (inceste). Serions-nous en train de prendre un « virage » historique ? Au risque du dérapage.