« Un prof de philo de Trappes se dit menacé, les autorités locales font part de leur incompréhension. (Il) dit vivre « sous escorte policière armée. Sur place, responsables éducatifs et politiques démentent avec force. » (A la Une – Le Monde du 10.02.2021)
Ce professeur explique les pressions, l’insécurité que crée l’islamisme, dans le contexte de l’assassinat de Samuel Paty. La municipalité (l’élection a été annulée) et les autorités académiques ont réagi par l’étonnement ; celles des contributeurs, sont tranchées : soit il décrit le réel, soit il raconte des histoires. Le fait qu’il soit sollicité par les médias n’arrange rien. L’article du Monde, pas toujours très rigoureux ni objectif, non plus. (Ex : « Professionnellement, Didier Lemaire est bien noté par ses élèves, ses collègues et la direction de son établissement. Il est décrit comme un « professeur modèle qui fait un travail remarquable depuis vingt ans », déclare une source proche du dossier. ») « Noté par ses élèves et ses collègues » ? Et quelle est cette source proche du dossier ?
Quelques contributions :
« Quelque peu aveuglés par la réputation de Louise Couvelaire qui passe pour une journaliste qui relativise les maux des « quartiers » de nombreux lecteurs refusent de voir que ce professeur de philo s’est probablement fourvoyé en se présentant comme une victime de l’islamisme qui gangrénerait la vie de nos banlieues. L’article de Louise Couvelaire est excellent et c’est quelqu’un d’assez critique sur ses papiers qui le dit. »
« Ce texte ne relève pas de l’information, mais du militantisme. Il devrait être présenté comme une « tribune », avec présentation de son auteur, ce qui permettrait au lecteur de comprendre qui il est. »
« Je préfère de loin l’article qui est consacré à ce grand professeur dans le Point. »
« Un professeur maladroit qui dessert la cause qu’il est censé défendre… de plus secrétaire national d’un petit parti politique (*). On attendait un discours plus éclairé de la part d’un professeur de philosophie. »
(*) Parti Républicain Solidariste. Je suis allé voir le site. Je n’aime pas trop le titre de l’appel « Jeunesse Française avec nous ! » ni « (…) Quand la culture disparaît c’est une civilisation qui se meurt. Il est temps de réagir, de relever le niveau. »
Ma contribution :
Il faut choisir. Ou bien on considère le syndrome « Trappes » (réel + discours) comme « le problème » ou bien comme le composant d’une problématique : ou bien se focaliser sur les symptômes ou bien analyser un processus (ce qui ne veut pas dire qu’il faille se désintéresser des symptômes). Dans un cas, on donne la priorité aux affects produits notamment par le désarroi lié au bouleversement des repères (« marxisme laïc* » en est un signe intéressant), dans l’autre on fait de cet ensemble un objet/problématique. Jusqu’à la fin des années 80, il y avait une dialectique (capitalisme/communisme) qui a disparu. Parallèlement, la croyance dans le paradis de l’au-delà s’est effondrée. Le vide angoissant résultant de l’absence planétaire de contradiction (elle est inhérente à la vie) est aujourd’hui comblé par une utopie nihiliste (elle suppose un tout idéal) qui a enfourché l’islam pour fournir aux « quartiers » (pas seulement en France) qui ne sont pas nés de rien, un discours pour ne pas mourir.
*cet étrange attelage est cité dans l’article