J’évoquais le désarroi dans un des commentaires. Que faut-il imaginer en effet pour comprendre ce qui peut susciter une telle initiative ? La pétition qui appuie cette proposition est signée par d’anciens ministres de la culture, par la titulaire actuelle du poste et par de nombreux écrivains, intellectuels. Des personnalités, des gens « établis » dont parle très bien Rimbaud.
Ce n’est pas tant l’inadéquation entre ce que furent les deux poètes et la symbolique du lieu qui pose un problème que ce qui permet de passer outre cette inadéquation.
En d’autres termes, comment en vient-on à escamoter ce que furent une vie et une œuvre (deux en l’occurrence) ? Pour s’en convaincre, il suffit d’imaginer le tri que devrait faire l’orateur dans les événements et les textes pour préparer un discours susceptible de donner l’illusion d’une cohérence.
L’explication est peut-être à chercher dans ce qui semble être la difficulté à trouver des références qui permettraient de donner du sens à la période actuelle.
Voltaire, Rousseau, Hugo, Schœlcher, Zola, Jaurès, Jean Moulin, Germaine Tillon, Geneviève De Gaulle-Anthonioz, Pierre Brossolette, Jean Zay, Simone Veil renvoient aux références claires de la lutte contre l’intolérance et l’injustice sociale, contre le nazisme.
Mais Rimbaud et Verlaine ? La lutte contre quoi, sinon un mode de société qui produit, entre autres, le Panthéon ?
Alors, cette proposition serait-elle un signe de désespérance révolutionnaire ? Un rire jaune pour ne pas dire le rire du pendu. Au fait, François Villon ? Non ?
Autrement dit, si ce mode de société n’est plus supportable, célébrons ceux qui l’ont manifesté de manière provocante.
Mais je ne suis pas tout à fait certain que cette analyse soit partagée par les signataires de la pétition.