Il n’est pas inutile de rappeler le parcours de Frédérique Dumas.
Investie dans l’industrie cinématographique, puis conseillère technique dans le cabinet de F. Léotard (ministre de la culture dans le gouvernement de J. Chirac pendant la cohabitation avec F. Mitterrand), puis maire-adjointe d’Antony (le maire est P. Devédjian – UMP), puis, porte-parole de l’UDF (centre), puis membre de l’UDI (centre), puis du groupe RCDE (radical, citoyen, démocrate, écologiste), elle rejoint E. Macron, est désignée comme candidate EM (qui devient LREM) pour la 13ème circonscription des Hauts-de-Seine, et est élue députée. En 2018, elle quitte la LREM pour l’UDI qu’elle quitte pour le groupe hétéroclite Libertés et Territoires dont la moitié des membres vote la confiance à Edouard Philippe en 2019, l’autre s’abstenant.
Son intervention sur Youtube (elle est interviewée par le journaliste de Le Media Denis Robert) est annoncée sous le titre : une ex-députée LREM révèle les dessous de la macronie.
Pendant une heure elle explique le dysfonctionnement du pouvoir qui l’a conduite à se séparer d’E. Macron.
L’essentiel, en résumé : le pouvoir est exercé par quatre ou cinq personnes déconnectées du réel, peu responsables sinon irresponsables, et la démocratie ne fonctionne pas ou plus.
Le passage le plus intéressant se situe vers la 23ème minute, quand elle explique ce qui l’a convaincue de rejoindre E. Macron : la réserve qu’il a exprimée lors du débat sur la déchéance de nationalité, alors qu’il était ministre de F. Hollande. « J’ai, à titre personnel, un inconfort philosophique avec la place que ce débat à pris. Je pense qu’on ne traite pas le mal en l’expulsant de la communauté nationale. » «
« Quand j’entends ça, dit-elle, je trouve incroyable de garder autant de liberté là où il est ! Quelqu’un qui est capable d’être libre ! A ce moment-là j’ai écrit : « E. Macron est libre et il nous rend libres ! » La manière dont elle le reconnaît signifie : faut-il que j’aie été aveugle ! Ce qu’elle confirme immédiatement après : « Le jour où il est élu, il change radicalement de manière de faire ».
Pour moi, là est le problème.
F. Dumas n’est pas une néophyte en politique, elle a connu le cœur du pouvoir, elle sait comment fonctionne la 5ème république (du temps de De Gaulle les députés étaient appelés les godillots, les veaux).
« E. Macron est libre et il nous rend libres ! » est de l’ordre de la révélation, du mysticisme.
C’est donc cette conversion quasiment extatique qui est problématique : que signifie, notamment pour une personne qui a expérimenté le pouvoir et qui sait ce qu’est le système capitaliste, cette illusion qu’un homme, formé par la banque et qui ne remet rien en cause du système, serait le messie ?
La liberté qu’il affiche ? On est à l’époque de F. Hollande, l’incarnation de la faiblesse et de l’inconsistance politiques, c’est M. Valls – premier ministre qui joue du coup de menton – qui représente l’autorité… Quel risque politique prenait le ministre Macron, « créature» de F. Hollande en exposant un état d’âme philosophique sur la question très controversée de la déchéance ?
Le réveil de F. Dumas est de l’ordre de la « naïveté » qui n’est pas seulement la sienne, mais celle d’un peu moins du quart des Français qui ont voté pour E. Macron au premier tour.
Naïveté n’est sans doute pas le terme approprié : il s’agit plus exactement du besoin de s’en remettre à.
Ce besoin, en dernière analyse, est celui de l’enfant.
Mais voter, c’est toujours « s’en remettre à », non ?
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Merci pour votre commentaire. Je dirais que voter est une délégation qui devrait être déterminée par un choix politique (parti/programme) et non par un homme ou une femme. Les campagnes électorales montrent que ce n’est vraiment le message qui est envoyé, et ce n’est pas un hasard. En l’occurrence, F.D. a rejoint E.M. non sur un programme ou dans un parti (EM n’existait pas) mais parce qu’il incarnait la liberté. « Il nous rend libres » est d’ordre christique. Elle a simplement été séduite. Par cette déclaration « philosophique » à bon marché, E.M. exploitait un « trou d’air ».
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