Dans le numéro 3666 – 18 au 24 avril – de Télérama, une interview d’Alain Corbin, historien, qui enseigna à la Sorbonne, dont l’objet concerne son travail sur l’histoire de l’ignorance.
« (…) L’effroi, lié à l’ignorance, rassemble toujours les gens quand il et partagé. (…) Avec l’épidémie actuelle (…) les Etats se viennent en aide pour la prise en charge des malades. Ils trouvent, eux aussi, leur source dans une forme de désarroi. Cela nous renvoie encore et toujours à la grande ignorance fondamentale, qui traverse toute l’histoire humaine et que nous partageons le mieux : celle de la mort. »
Affirmer que la mort est une ignorance est de l’ordre du choix.
Ce que nous ne savons pas, c’est, du point de vue du sujet, ce qu’est mourir.
Pas plus que nous ne savons, toujours du point de vue du sujet, ce qu’est naître.
Si la vie qui suit la naissance est objet de savoir – un mode d’organisation avec la conscience du sujet – pourquoi la vie qui suit « mourir » – un mode d’organisation autre, sans cette conscience – ne le serait-elle pas ? D’abord, le corps vivant « en masse » pour un temps donné, puis le corps vivant « en molécules » pour l’éternité.
A part la peur de mourir – liée au choix de l’ignorance, en un cercle vicieux – où est le problème ?
Depuis qu’existe l’humanité, nous n’avons pas le moindre signe qui indiquerait la persistance du sujet après « mourir ».
C’est pourquoi dire « nous ignorons ce qu’est la mort » est le choix de l’ignorance.
Pour ceux qui lisent régulièrement ce blog, ce point de vue n’est certes pas une nouveauté, mais, sait-on jamais…
Il est n’est jamais trop tard pour choisir le savoir.
Surtout quand il s’agit du savoir fondamental.