Rimbaud*
Quatre petits en procession sur les pavés
Enfance morte au ventre mots sauveurs flottés
Rêvant mer océan vague ivre violette
Marin des latrines navré perdu tout bête
Et l’errance ardennaise
La guerre rouge effroi
La mort des enfants froids
Paris printemps rêvé
Des cerises vertes
La rage la fournaise
On tue au père Lachaise
Sous les ponts affamés
Les loques la faim la
Vermine l’au-delà
Des mots pour oublier
Et l’embellie des vers
Absinthe ivresse éther
La pipe le cul les mots en l’air
Au bout des rimes illuminées l’Enfer
Et le silence obstiné du poète
A Charleville où l’on montre sa tête
* Arthur Rimbaud est né à Charleville. Père absent. Mère, dure, rigide, à principes. L’église, la morale bourgeoise. L’écriture fut dès l’école primaire une fenêtre ouverte sur la possibilité d’un autre monde. La poésie surtout. Fugues dans les Ardennes, à Paris. Guerre franco-prussienne de 1970. Haine de la guerre. Empathie pour les victimes, pour les Communards.
Le bateau ivre – pour moi, l’un des sommets de la poésie (avec La chanson du Mal-Aimé de Guillaume Apollinaire, mort deux jours avant l’armistice de 1918… de la grippe « espagnole ») – fut le sésame de sa rencontre avec Verlaine. Relation homosexuelle tumultueuse terminée par un coup de revolver et l’emprisonnement de Verlaine. Fin de l’écriture à 20 ans pour une vie d’aventurier en Ethiopie, avant un rapatriement sanitaire à Marseille et la mort à 37 ans.