Toute vie humaine comprend deux confinements majeurs.
Le premier est celui d’une fin : le moment de la naissance dont le sujet – l’enfant qui achève ses neuf mois de vie dans l’utérus – n’a pas la moindre conscience.
Le second, l’exact contraire de la naissance, est celui d’un début : celui de la mort, dont le sujet – la personne qui achève son temps de vie – a, jusqu’à un seuil inconnu et nécessairement intransmissible, la conscience de mourir.
La différence essentielle entre ces deux confinements, est que l’un prend fin – donc sans la conscience – pour une vie individuelle et sociale pourvue de conscience, alors que l’autre commence – donc avec la conscience – pour une forme de vie autre, dépourvue de conscience.
« Vivant, je vis et je réagis en masse, mort, je vis et je réagis en molécules » (Diderot)
Tout le monde sait cela.
Le confinement que nous vivons actuellement s’apparente-t-il plutôt au premier ou au second ?
Dans la mesure où nous sommes conscients du confinement, où nous pouvons en sortir – même si ce n’est que pour un instant – puis y rentrer, où nous savons qu’il prendra fin dans un terme relativement proche, il ne correspond exactement ni à l’un ni à l’autre. La perspective d’une sortie renvoie plutôt à la naissance.
Mais nous savons aussi que certains ne survivront pas. Nous peut-être. En tout cas, une minorité, parce que la puissance de vie dans une organisation constituée est dominante. Ce qui renvoie à l’acte de mourir.
Que faire de cette conscience qui accompagne l’une et l’autre réponses ?
Elle n’est pas une donnée brute, biologique, comme elle peut l’être semble-t-il, à des degrés et selon des modes divers, chez les autres êtres vivants.
Elle exige de nous, en permanence et plus particulièrement dans ce moment, la pensée, ce composant spécifique de notre espèce, qui, seule, peut nous permettre de vivre ce moment de confinement comme celui d’une renaissance.