Le 04/05/2023, j’ai envoyé au Monde, ce commentaire à un article publié le même jour sur « les départ massifs » de l’église catholique allemande – les lecteurs du blog n’en seront pas surpris ;
« Les deux paradis de contournement sont obsolètes : celui de l’au-delà de compensation et celui de l’ici des lendemains qui chantent. L’un et l’autre sont apparus pour ce qu’ils sont : des dénis de la spécificité de la conscience que nous avons de notre mort et le transfert du fantasme d’immortalité dans l’objet. L’équation capitaliste (être=avoir+) intrinsèque de cette conscience conduit donc à l’accumulation/collection qui entretient le fantasme « plus j’ai, plus je suis, moins je meurs ». S’agissant de la richesse, il est intéressant de noter la contradiction théoriquement majeure entre son accumulation (par l’église, les milliardaires croyants) et sa condamnation radicale par l’évangile (cf. le chameau et le trou de l’aiguille). »
Il a d’abord été censuré – la censure n’est pas annoncée par le journal, elle est repérable à l’indication que nul commentaire n’a été envoyé.
J’ai demandé pourquoi. Il m’a été répondu le 8 : « Notre système ayant détecté un ensemble de mots-clés sensibles dans votre commentaire, l’a mis par précaution en attente d’une seconde vérification humaine. Votre commentaire étant tout à fait conforme à notre charte, nous vous confirmons qu’il a été remis en ligne. »
J’ai demandé quels pouvaient être ces « mots-clés » sensibles que j’avais du mal à repérer et j’ai précisé que j’envoyais cette explication dans l’onglet « répondre » qui permet de compléter la seule contribution autorisée. J’ai constaté qu’elle était publiée – le système n’ayant pas repéré de mots-clés sensible – avant qu’elle ne soit supprimée quelques minutes plus tard, donc par quelqu’un.
Pour illustrer l’absurdité du «système » chargé de repérer les « mots-clés sensibles », voici ce court commentaire que j’avais envoyé concernant le couronnement du roi anglais qui a suscité de nombreuses réactions.
« Sur les photos, on voit le roi, la reine, des princes et des princesses, des carrosses et des chevaux, mais on ne voit pas de bergères. Pas de citrouille non plus. Elles sont dans les histoires inventées pour les enfants parce que les enfants ne meurent jamais. »
Il avait été lui aussi censuré avant d’être publié, après ma demande d’explication.
Il y a une distorsion entre le peu d’impact des commentaires, le « système » qui ajoute de la déshumanisation et la censure par l’homme qui, compte tenu de ce peu d’impact, est à la fois ridicule et pathétique.
S’agissant de ce journal et de ce qu’il représente, ce n’est pas sans importance.