Tel est le titre de l’éditorial du Monde – 31.01.2022 – dont voici quelques extraits :
« La victoire de Christiane Taubira, dimanche 30 janvier, à l’issue de la Primaire populaire, ne règle pas les problèmes de la gauche, qui est toujours aussi divisée à quelques semaines du premier tour de l’élection présidentielle. (…) La responsabilité de ses dirigeants est immense, car, lorsqu’on les interroge, les Français mettent le pouvoir d’achat au premier rang de leurs préoccupations. La transition écologique s’annonce en outre comme la grande affaire des prochaines années. Ces deux problématiques devraient normalement ouvrir un boulevard à un candidat de gauche, pourvu qu’il parvienne à rassembler son camp et à s’adresser à l’ensemble du pays. (…) La gauche ne semble pas comprendre qu’il ne lui suffit pas d’incarner la radicalité. Elle a aussi besoin de rassurer les Français quant à sa volonté et à sa capacité d’assumer la responsabilité du pouvoir dans un contexte de plus en plus chahuté. Sa crédibilité a été sérieusement écornée entre 2012 et 2017. Elle est aujourd’hui loin d’être établie. »
Ma contribution :
Le flou de l’antépénultième phrase de l’éditorial (« rassurer les Français quant à la capacité… ») signifie la faiblesse de l’analyse. Il est possible de poser le problème autrement : le « discours » de gauche ne peut plus être la contestation du capitalisme (1981) parce qu’il n’y a plus de solution apparente de rechange (implosion soviétique = fin d’une utopie), ni le leurre réducteur du« monde de la finance » (2012). Quel contenu lui reste-t-il en dehors des lendemains qui chantent ou du lyrisme démagogique ? Pour le moment, il n’est pas explicité parce qu’il fait peur. C’est cette peur/angoisse (elle vient de l’absence de solution de remplacement du capitalisme auquel est substitué un « grand » remplacement) qui explique l’essor (depuis 30 ans) de l’idéologie « rassurante » des extrêmes-droites. Le discours de la gauche (elle met l’accent sur le « commun ») ne peut plus concerner désormais que le rapport à l’objet (ce qui n’est pas le sujet) et le besoin de son accumulation.