« Douze grands clubs européens ont lancé, lundi 19 avril, leur Superligue, une compétition privée vouée à supplanter la Ligue des champions, déclaration de guerre à laquelle l’Union européenne de football (UEFA) a promis de répliquer en excluant les équipes dissidentes et leurs joueurs. » (Le Monde – 18.04.2021)
Extrait :
« A l’ouverture de la Bourse aux Etats-Unis, l’action de Manchester United, qui est cotée à New York, était en progression de presque 10 %. Pour les investisseurs, le calcul est simple : en faisant bande à part, ces grandes équipes pourraient se partager de plus importants revenus de droits de retransmission. « Si on regarde le football comme une façon de gagner de l’argent, cette proposition se comprend », analyse Kieran Maguire, de l’université de Liverpool, spécialiste de l’économie du football. Ces clubs attirent des téléspectateurs, particulièrement à l’étranger. »
La plupart des commentaires balance entre la condamnation, parfois morale, et le « c’est comme ça » fataliste visant l’univers du football professionnel, laissant ainsi entendre qu’il fonctionne selon un principe spécifique.
Je me suis amusé à écrire celui-ci :
« L’argent appelle l’argent », « plus on en a plus on en veut », disent les lieux communs du café du commerce. C’est vraiment n’importe quoi ! L’argent ne fait pas le bonheur, tout le monde sait ça. La preuve, c’est qu’il y a beaucoup plus de gens qui n’ont pas d’argent que de gens qui en ont, et pourquoi ? Parce que c’est la recherche du bonheur qui est la principale préoccupation des hommes. L’autre preuve est que les millions de gens qui jouent au loto et achètent des tickets à gratter le font par ascétisme spirituel puisqu’ils savent qu’ils ne deviendront pas millionnaires. Le bonheur à tout prix ! Alors, un peu d’altruisme compassionnel pour les initiateurs inconscients de cette entreprise de malheur serait de mise. Dans le même temps, réjouissons-nous de constater que cette facette du comportement humain nous est étrangère, nous qui ne fréquentons pas le café du commerce, ni ne jouons ni ne grattons. « Nihil novi sub capitalistae aequationis sole. » (Vulgate mise à jour de manière artisanale).
J’ai eu l’étonnement de découvrir cette réponse :
« Il y a beaucoup plus de gens qui n’ont pas d’argent que de gens qui en ont beaucoup justement parce que la minorité qui en a beaucoup confisque cet argent et ne souhaite pas le partager de manière plus juste. Allez demander aux pauvres du monde entier qui vivent avec moins d’un dollar par jour si l’argent ne fait pas le bonheur. L’argent seul ne suffit pas pour se sentir heureux. Mais sans argent point de salut! Et aux capitalistes libéraux fanatiques de la croissance qui nous sortent l’argument que les gens n’ont qu’à se retrousser les manches pour créer de la valeur ajoutée, qui elle-même engendrera des revenus conséquents, je leur dit que si 8 milliards d’êtres humains arrivaient un jour à créer suffisamment de richesse pour pouvoir vivre comme les occidentaux européens ou américains, la planète ne le supportera pas. Alors on fait quoi ? On partage ? Où on crève ? »
A laquelle j’ai ainsi répondu :
Hum… comment dire… l’humour… Bon. Vous prenez un réel détestable, quel qu’il soit, (l’exploitation du travail, les inégalités criantes etc., et l’idéologie qui accompagne le système qui les produit), vous faites comme si ce réel était un idéal et vous le décrivez dans un discours qui donne l’impression que vous l’approuvez. C’est le procédé de l’humour. G. Bedos, par exemple, dans un de ses sketches avec S. Daumier : » Marrakech, ça nous a déçus, c’est plein d’Arabes » (*). Si vous le prenez au premier degré, vous vous dites qu’il est raciste… Le rapport absurde de causalité que j’établis entre la pauvreté et le proverbe aurait pu vous mettre la puce à l’oreille.
(*) L' »idéal », implicitement contenu dans « déçus », étant un pays arabe sans Arabes.