« Un tableau de Van Gogh vendu 13 millions d’euros après une « folle enchère » à Paris. « Scènes de rue à Montmartre », peint en 1887, était un des rares Van Gogh encore en mains privées, et n’avait même jamais été exposé au public. »
Ma contribution :
Combien de kilos de pommes de terre Van Gogh aurait-il pu donner à éplucher à ses mangeurs affamés en échange de ces 13 millions ? Un gros tas de tubercules terreux à côté du tableau pourrait être le sujet d’une composition autre… Surréaliste, dites-vous ? D’autant que si la signature était autre (ce qu’elle serait, à en croire certains incrédules), le tas serait nettement moindre. Hum… à propos de démesure, d’offre et de demande, tout ça, mais ça n’a peut-être rien à voir… encore que. Ce matin, sur F.Culture, Hervé Juvin – élu RN et proche de M. Le Pen – se présentait avec une grande conviction comme un adversaire résolu de l’hyper capitalisme. Comme le journaliste lui rappelait qu’il détenait des actions de Total, Royal Dutch, Amazon et Microsoft, il expliqua qu’il vaut mieux être dans ces monstres capitalistes qu’en-dehors, pour savoir ce qu’il s’y passe. Non, il n’a pas parlé de profit. Du prix du tableau de Van Gogh non plus. Je vous le disais, ça n’a pas de… rapport.
Une réponse :
« Simple comme bonjour, J-P. Je vous ai dégoté près de chez moi en moyenne/grande surface des pommes de terre Agata (modeste variété passe-partout née aux Pays-Bas, ce qui tombe bien) vendues en filets de 5 kg, le filet 5,95 €. Soit 1,19 € le kg. Disposant d’un budget 13 millions d’euros nous pouvons donc nous permettre d’acquérir 10 924 369, 747899159664 kg de ces tubercules. Soit un toutou petit peu en gros 11 000 tonnes (je dis bien onze mille). Prévoir au moins deux solides brouettes : ça nous fait tout de même 2 184 873 filets (je dis bien deux millions cent quatre-vingt-quatre mille huit cent soixante-treize »
La mienne :
Ah, quand même ! Vous êtes sûr que deux brouettes suffiront, même solides ? Votre texte lu, je suis allé voir de près le tableau, non pas celui-ci, celui des mangeurs, non pas à Amsterdam, sur Internet… Entre nous, quelles truffes il leur a faites ! Je le dis sans méchanceté, d’autant que truffe peut signifier… Enfin, bon. Donc, les pommes de terre sont, dans une assiette/plat sur la gauche, coupées en petits morceaux. Alors, si vous avez encore votre calculette, pourriez-vous calculer, approximativement, le temps qu’il faudrait pour éplucher et couper à la main les 11000 tonnes que vous dites – à l’époque, eh non, ! il n’y a pas de machine à débiter les p.d.t. Pourquoi cette demande, me demanderez-vous ? Eh bien, le temps étant de l’argent (curieuse, cette identité métaphysique), et ma contribution étant ce qu’elle est – oui, toute chose est toujours ce qu’elle est, et inversement – il faut bien retomber sur ses pieds. Quand même, quelles truffes !
Sa réponse
« Bon ! 10 924,36 tonnes. Disons – ça nous arrange bien – que nous avons affaire à de belles Agatas de pile 200 grammes. Ça nous fait 54 621 845 individus (je dis bien cinquante-quatre millions six cent vingt et un mille huit cent quarante-cinq patates). Disons que le traitement (éplucher et débiter grossièrement) d’une pomme de terre prend 30 secondes – encore un heureux hasard. La gamine de dos sera donc venue à bout du truc après 27 310 922,5 minutes (je dis bien vingt-sept millions etc.) de labeur ininterrompu. Brave petite. 18 966 jours. Soit grosso modo 51,9 années. Il sera alors bien temps de songer à se mettre à table. À propos… quelle calculette ? »
Et la (dernière) mienne
Heureusement que j’avais dit « approximativement » ! Je n’ose imaginer si j’avais dit « précisément » ! Oui, parce que les 30 secondes, j’ai vérifié, d’accord, ce n’était pas une agata (il n’y a pas de « h » après le « t » ? Non ? Parce qu’agatha en grec, mais bon), mais une bintje, alors le grain et l’épaisseur de la peau, oui, ça peut jouer. Bref, j’en étais rendu à 32,03 secondes/patate (je dis bien trente-deux virgule zéro trois) et multiplié par… bon, enfin. Quoi qu’il en soit, merci infiniment (je dis bien infiniment) pour ces calculs, d’autant plus qu’ils n’ont pas été effectués sur… Ah oui, une calculette : eh bien, c’est comme un boulier, voyez, sauf qu’on appuie au lieu de pousser. Sinon c’est pareil. Approximativement. Le boulier, vous vous rappelez, c’est quand on est petit et que…. Non quand on était petit, parce qu’aujourd’hui… Mais bon… Voilà j’arrive au bout, presque plus de caractères restants. Ah, les limitations, ça met les boules ! Oh, ce n’était pas calculé.