Tel est un des titres de la Une du Monde du 6.01.2021) à propos de l’affaire qui met en cause une personnalité (politique et médiatique), donc largement diffusée et objet de nombreux commentaires.
Court toujours dans l’opinion le mythe qu’une personnalité est (devrait être) différente du commun des mortels.
Ce qui a un effet catalyseur pour (re)lancer le débat sur la sexualité. Le contexte passionnel n’est peut-être pas celui qui convient le mieux, idéalement, mais l’importance accordée au fait divers est sans doute proportionnelle à celle du déni. Pour cette question comme pour d’autres.
Inceste vient du latin [in (valeur négative) castus (pur) = impur] et désigne, en droit, des « Relations sexuelles entre un homme et une femme liés par un degré de parenté entraînant la prohibition du mariage ; relations sexuelles entre parents très proches » (Larousse)
En France, la loi du 14 mars 2016 dénomme inceste uniquement les actes sexuels commis sur un mineur, dans le cadre familial. Ce qui implique l’autorisation de pratiques « incestueuses » entre personnes majeures (cf. le site The Conversation « La loi qui interdit et légitime l’inceste en même temps »)
Si, d’une manière générale, la loi a bien pour objet d’améliorer les conditions de la vie en société, où est la limite entre le privé (individus) et le social (collectivité) pour ce qui concerne les relations amoureuses/sexuelles ?
Dans la mythologie grecque, Phèdre, [« La fille de Minos et de Pasiphaé », rappelle Racine dans sa tragédie éponyme – le plus beau vers de cet auteur, disent certains…] est amoureuse de son beau-fils, Hippolyte, fils majeur de son époux Thésée. Cet amour est jugé incestueux (dans le sens étymologique) par la société antique et celle du 17ème siècle. Qu’il ne le soit pas dans le droit français contemporain signifie sans doute qu’il ne l’est pas dans l’opinion.
Pourquoi, en effet, celle qu’on appelle une « belle-mère » n’aurait-elle pas le « droit » à une relation amoureuse avec celui qu’on appelle un « beau-fils » ? Ou l’inverse. A noter que le qualificatif « beau, belle », apparemment hérité du Moyen-Age courtois, indique un choix affectif sans relation avec l’aspect physique.
Autrement dit, c’est une affaire privée qui concerne les trois personnes. Pas de quoi en faire un drame public. Encore moins une tragédie. A moins qu’il ne s’agisse plus simplement d’un opéra irreprésentable dont le livret serait le simple support d’une partition musicale au rythme particulier que permettent douze notes…
Ici, il s’agit d’un viol sur mineur (fellation, a dit celui qui est mis en cause) dans le cadre d’une relation familiale avec les effets sidérants que l’on sait.
Un crime, donc.
Deux pages du Monde (06.01.2021) décrivent le contexte des années 70 et la liberté, entre autre de mœurs, expérimentée dans la société post-68, en particulier dans un milieu qui sait comment fonctionne le langage.
A ce propos, un exemple dont il n’est pas impossible que je l’aie déjà cité dans un des articles. Bis repetita…
Pédophilie est un terme impropre (de création récente) pour désigner un rapport sexuel avec un enfant alors que nous disposons de pédérastie (ancien) qui est, lui, adéquat, mais dont la définition est curieusement erronée (« attirance sexuelle d’un homme pour les jeunes garçons », dit le dictionnaire) puisque « ped » désigne l’enfant, qu’il soit garçon ou fille. Ainsi, d’après les définitions, une femme pédophile (garçon et fille) ne peut pas être pédéraste (garçon) !
Est-il anodin que pédophilie ait été substitué à pédérastie et qu’aient été mis dans le même champ sémantique pédérastie et homosexualité ? Que « pédé » (=enfant) désigne de manière injurieuse l’homosexuel qui, lui, est attiré par une personne du même sexe que le sien, et pas plus par les enfants qu’un hétérosexuel ?
Il n’y a pas si longtemps, dans certains milieux, la pédérastie n’était pas considérée comme un crime, ni par ceux qui la pratiquaient, ni par la loi.
Une explication n’étant en aucune façon une justification, ceci et cela contribuent peut-être à expliquer cela et ceci.