L’un concerne le racisme dans la police, l’autre, l’interpellation physique.
Les deux récentes déclarations du ministre de l’Intérieur Christophe Castaner (rappel : ministre – latin minus – désigne celui qui est moindre, au-dessous, au service de…) sont une double illustration de la démagogie (rappel : démos – grec – désigne le peuple – et agein – toujours grec – signifie conduire) qui consiste à diriger le peuple par tous les moyens.
En l’occurrence, le principe du degré zéro et l’interdiction de la prise d’étranglement étaient censés satisfaire ceux qui protestent contre les excès de la violence policière.
Le résultat est doublement nul : aucun des protestataires n’est dupe et les syndicats policiers protestent violemment.
En tant qu’institution, la police est un mode d’expression de notre société. Comme toutes les autres institutions. Un miroir plus ou moins grossissant.
Ce qui la caractérise :
– la violence. Non seulement celle de ceux qui sont interpellés, mais celle de ceux qui interpellent. Pourquoi devient-on violent ? On sait, à peu près, dans les grandes lignes, pour ce qui est de la violence transgressive. Mais aussi : pourquoi devient-on policier, CRS… ? L’uniforme, le pistolet, la matraque… ? Le respect et le maintien de l’ordre ?
– justement, l’ordre. L’ordre de quoi, exactement ? Oui, l’ordre républicain. La loi. Mais, dans une manifestation autorisée, où est, par exemple, la limite matérielle, concrète, entre l’ordre républicain et son contraire ? Quels trottoirs, quels gestes, quels mots… autoriseront ou pas un coup de matraque, une grenade lacrymogène, un tir ?
Le comportement policier individuel et collectif – autrement dit, l’appréciation du « jeu » de et dans la machine règlementaire – est en grande partie conditionné par le discours de la société à un moment donné. On continue à parler de race. De faciès. Si se dire raciste est délicat, on peut assurer ne pas être raciste mais… On sait que la couleur de peau détermine les risques d’interpellation pour contrôle d’identité.
Depuis un certain temps déjà, certains brandissent la menace du « grand remplacement ». Et plus de la moitié des militaires et policiers ont voté pour le FN/RN au premier tour de la présidentielle de 2017 (selon une étude du Centre de recherches politiques de Sciences Po).
La vidéo montre à l’évidence que Derek Chauvin a tué consciemment George Floyd. Plus de huit minutes le genou sur le cou d’un homme qui ne présente aucun danger et qui dit qu’il va mourir.
Pourquoi n’a-t-il pas été gêné d’être filmé ?
Parce qu’il estimait agir « normalement ». Plusieurs plaintes avaient été déposées contre lui. Sans suite pour la plupart. Pour les autres, aucune sanction importante. Il était toujours policier et estimait sans doute être dans le « jeu » d’appréciation autorisé par la société. Il avait raison. Du moins, jusqu’aux manifestations dont l’ampleur a conduit l’attorney à mieux regarder la vidéo – tout le monde peut être distrait – et à requalifier l’accusation initiale.
Juger de la responsabilité de D. Chauvin, c’est, aussi, interroger les USA qui vivent encore dans un « ordre » qui n’a pas décidé de tenter d’éradiquer le racisme historique : l’esclavage, comme, chez nous la colonisation, n’est pas objet d’une analyse critique qui serait objet d’enseignement.
Chez nous, la démagogie/infantilisation de Ch. Castaner est une variante, inquiétante ici par son degré d’irresponsabilité, de celle qui anime souvent la pratique du pouvoir politique : la « racaille et le Kärcher, La princesse de Clèves… » de N. Sarkozy, l’affaire Leonarda de F. Hollande, la guerre du virus d’E. Macron… entre autres marques de faiblesse.