Hier soir, sur FR3, les deux documentaires (cf. article Vacance du 7 et 8 juillet) sur les rafles de mai 1941 et celle du Vel d’Hiv des 16 et 17 juillet 1942.
Il m’est arrivé ici d’évoquer l’absence de construction de problématique pour l’esclavage, la colonisation, le racisme, entre autres. D’où les blocages, notamment avec l’Algérie, soixante ans après la fin de la guerre. Les exemples sont multiples : le Congo de Léopold II, le racisme aux USA etc.
Hier, les deux émissions proposaient une problématique : celle de l’identité nationale.
Certains des juifs arrêtés par la police française les 16 et 17 juillet 1941, dont certains avaient combattu en 1914-18 et obtenu des décorations militaires, disaient qu’ils ne risquaient rien dans le « pays des droits de l’homme », des Lumières, de Voltaire, Diderot, Rousseau. Une dame raconte que l’enfant qu’elle était alors croyait qu’il s’agissait de voisins importants qu’il suffisait d’aller chercher pour être tiré d’affaire.
S’il faut dire quelle fut la pire des abominations toutes plus insupportables les unes que les autres, je dirai qu’elle se trouve dans les camps de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande, le jour où les mamans furent séparées de leurs petits enfants pour être déportées et gazées à Auschwitz juste avant qu’ils ne le soient eux-mêmes.
Ce jour-là, parmi tant d’autres, qu’était « le pays des droits de l’homme », qu’était le « le pays des Lumières » ?
Deux formules dont le réel de ces femmes et de ces enfants séparés pour être assassinés montre la vanité.
Il y a eu dans notre histoire ceux qu’on a appelés, après coup, les Lumières, oui, il y a eu la proclamation des droits de l’homme, oui, mais l’affirmation que ces deux moments historiques constitueraient notre identité reçoit en pleine figure les wagons plombés des mères arrêtées par la police française sur ordre du gouvernement français de Vichy (P. Laval autorisa la déportation des enfants de plus de deux ans, contre l’avis – tactique – des occupants) suivis des wagons plombés de leurs enfants à destination des chambres à gaz d’Auschwitz.
Plusieurs fois, il est arrivé au président de la République de s’adresser à la télévision aux citoyens français pour leur faire part, avec beaucoup de gravité, de décisions d’ordre sanitaire.
Que ne lui est-il venu à l’esprit de les inciter avec la même solennité à regarder ces deux documentaires historiques en précisant qu’ils leur permettraient de comprendre et réaliser ce à quoi peut conduire le mythe de l’identité nationale, sans parler de la préférence nationale ?