Est absurde [ latin : sonare (résonner) > surdus (sourd) >absurdus (discordant)] ce qui n’est pas « audible » selon des critères variables, d’harmonie, de sens etc.
Le réel – ce qui est (considéré comme tel) objectivement (indépendamment du sujet) – ne saurait être absurde, sauf à supposer qu’il soit la contradiction d’une finalité de sens ou, ce qui revient au même, d’une rationalité idéale.
Ceux qui ont lu Rencontre cévenole ont expérimenté ce que peut être l’absurde au simple niveau d’une fiction de forme humoristique avec l’objectif de faire rire… ou sourire. L’humour ? La description d’un réel inacceptable présenté comme le réel idéal (selon la définition de Bergson). Un pigeon volant portant un lecteur de CD et un amplificateur représente un réel idéal évident, à plus forte raison si les appareils sont attachés avec des lanières de cale-pieds de vélo.
Le principe des vases communicants s’applique aussi entre crise et humour… ou dépression. « Je me presse de rire de tout de peur d’être obligé d’en pleurer », disait Beaumarchais.
Après avoir mis le point final à ma Rencontre cévenole, j’ai vu à la télévision des images de Marioupol détruite par les bombardements, le visage dévasté d’une femme réfugiée dans un camp, serrant dans ses bras son enfant comme on s’accroche à une bouée, le visage impassible de V. Poutine parlant froidement de l’entreprise de mort qu’il a déclenchée comme s’il parlait d’un voyage organisé qui se déroule normalement.
La colère me poussait à invoquer l’absurdité.
Mais en référence à quelle rationalité idéale ?
La même que celle que viennent contredire, entre autres, les famines des tiers et quart mondes, la guerre au Yémen, les gesticulations mortifères de Kim Jong-un en Corée du Nord, les Talibans… ?
Ce qui est absurde, c’est l’invocation de l’absurdité parce que tout ce qui se passe participe d’une rationalité. « Sur cette terre, il y a quelque chose d’effroyable, c’est que tout le monde a ses raisons. » fait dire Jean Renoir à Octave (dont il est lui-même l’interprète) dans son film La règle du jeu.
Ne pas le reconnaître conduit à invoquer des pathologies individuelles jusqu’à, le plus commode, la folie.
Nous ignorons ce que se dit E. Macron à V. Poutine à qui il téléphone régulièrement.
Là est le problème.