Par-delà Maduro et Trump

« Ce qui se passe aujourd’hui au Venezuela est une imposture et une mascarade, pas une élection.  Les résultats annoncés par le régime illégitime de Nicolas Maduro ne refléteront pas la volonté du peuple vénézuélien », a écrit dimanche le secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo, sur Twitter. (Le Monde du 7/12)

L’élection vénézuélienne (près de 70% d’abstention) et la réaction des USA sont deux nouvelles et tristes expressions du déni de deux échecs : celui d’une conception communiste du rapport individu/commun et celui de son refus par le capitalisme, en particulier sous la forme actuelle du néolibéralisme.

En d’autres termes, Maduro et Trump, entre autres, représentent sous les traits de la caricature, l’impasse dans laquelle se trouve l’humanité confrontée à une crise existentielle aiguë depuis que l’implosion de l’expérience soviétique, à la fin des années 80,  a révélé que ce communisme ne constituait pas une alternative possible.

Si elles pointent des obstacles concrets indiscutables (revendiqués par ceux qui les ont dressés), les explications de l’échec du Venezuela par l’embargo US ne sont pas pertinentes, pas plus que pour Cuba, dans le sens où elles laissent entendre que la réussite du rapport apaisé commun/individu dépendrait des seuls critères économiques, (= l’infrastructure de Marx), ce qui a conduit au fiasco soviétique.

En-deçà des intentions politiques affichées, l’embargo capitaliste signifie de manière objective, que le rapport communiste « classique » individu/commun est erroné.

L’échec de ces expériences (quelles que soient les intentions de ceux qui les ont initiées – Lénine, Castro, Chavez… qu’il serait absurde de réduire à des calculateurs égoïstes) tient dans le déni de ce qui constitue notre spécificité et son corollaire, à savoir l’établissement d’une transcendance de type religieux qui ne dit pas son nom, incarnée non par l’homme providentiel (il peut être démis, accusé, éliminé par ses camarades) mais par Le Parti infaillible en tant qu’expression objective d’une loi historique.

Autrement dit, la contradiction entre communisme et capitalisme (la confrontation Maduro / Trump n’en est que l’illustration dérisoire) est l‘expression, sous deux formes opposées, du même déni.

Celui du communisme, accompagné d’un discours social fortement émotionnel, repose sur la résolution prétendue du rapport individu/commun par la modification de l’infrastructure considérée comme essentielle, alors que celui du capitalisme, accompagné d’un discours appuyé sur une implicite loi de nature, repose sur la prééminence de l’individu opposé au commun réduit à la représentation qu’en donne le communisme.

Un cercle vicieux.

Le communisme transfère l’individu (dont est ignorée la solitude) dans la masse populaire en rejetant le concept de propriété capitaliste.

Le capitalisme donne la prééminence à l’individu dont il exorcise la solitude par le substitut de propriété/accumulation d’objets : cette propriété étant à la portée toute relative de chacun, il crée ainsi l’illusion qu’il est la meilleure sinon la seule forme d’existence individuelle et sociale possible

L’un et l’autre nourris de transcendance [implicite (le Parti) ou explicite (Dieu)], constituent le premier élément d’une dialectique non encore reconnu comme telle dont le second est la spécificité humaine (conscience de sa fin et discours de cette conscience).

Révélée et explicitée par la philosophie souvent réduite à un ésotérisme, cette spécificité suscite toujours et encore la peur qui nourrit les deux dénis.

On peut cependant percevoir aujourd’hui les signes de sa prise en compte dans l’importance croissante des publications d’initiation à la philosophie pour les enfants. (cf. les sites sur Internet)

Il faudra sans doute encore du temps pour que cette spécificité soit considérée et admise comme le second élément d’une dialectique.

Quand elle le sera, elle signifiera alors la négation des deux dénis, communiste et capitaliste.

S’il est impossible de savoir ce qui résultera de cette contradiction, il est difficile d’en imaginer une autre.

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