Il n’y a pas de moutons dans le Burren, mais des vaches dont certaines entièrement noires. Et donc aussi des taureaux, dont un, lui aussi entièrement noir, imposant, et qui nous a regardés passer d’un œil qui m’a paru nettement sarcastique. Je précise que nous étions en voiture, hors de portée. Peut-être l’ai-je manifesté par un signe qui ne lui a pas échappé ?
Le Burren est un massif calcaire (oui, karstique, si vous préférez), donc avec beaucoup de cailloux gris partout et des prairies entourées de murs forcément de pierres, sèches, posées de manière nettement artisanales, et traversé en dehors de la nationale (N) et de quelques départementales (R = road) par de toutes petites routes (L = lane = voie) parfois improbables.
Et en plein milieu de ce massif quasiment désert, se trouve… je vous le donne en mille… une parfumerie (perfumery) ! Un laboratoire qui fabrique des parfums avec le magasin qui les vend. Pour y parvenir, il faut emprunter une de ces L où l’on ne se croise qu’à certains endroits et encore et, pour finir, encore plus étroite, une petite route longue de trois ou quatre cents mètres, avec virages et où l’on ne peut pas se croiser. Au bout, un parking, la parfumerie, un jardin et un salon de thé (pas seulement du thé et des pâtisseries, mais aussi une home made soup, il y a de la soupe partout). Beaucoup de voitures, donc de monde, et… il y a là un mystère : jamais en trois visites, nous n’avons eu à croiser une voiture sur ce bout de route. Ni à l’aller, ni au retour. Etonnant, non ? J’en ai conclu à l’aide d’un raisonnement mécanique inspiré de Descartes, que la divinité des parfums (disons Aphrodite), dont les narines sont forcément très titillées par les effluves émises par le laboratoire, règle la circulation de manière à éviter les bouchons. Je parle des bouchons sur la route. Sinon ?
Etonnant aussi, cet autre L que j’ai pris par erreur. L’herbe poussait au milieu de la chaussée (c’est un signe qui aurait dû m’inquiéter) et la route suivait des pentes impressionnantes, avec ici et là un minuscule renfoncement qui permet un croisement pratiquement à l’arrêt. Au moins, on a tout le temps de se saluer, les rétroviseurs extérieurs aussi quand ils n’échangent pas une légère caresse. Quand vous arrivez au sommet d’une de ces côtes, vous apercevez la route qui court, tout là-bas et à perte de vue dans ce no man’s land. Vous êtes engagé, pas moyen d’opérer un demi-tour. Vous finissez quand même par en sortir et votre joie rythmée d’incoercibles sanglots quand vous découvrez le premier panneau routier indiquant une R doit ressembler à celle du marin perdu, en haillons et menacé par le scorbut qui aperçoit une terre à l’horizon.
C’était hier. Les deux jours précédents, rien d’aussi dramatique. Le train-train. Aujourd’hui non plus, sinon que ce doit être le dernier jour d’anticyclone et que le marché paysans s’est tenu sous un grand soleil. A partir de demain, l’Irlande redevient elle-même.
Nous, nous attendrons encore une semaine pour le redevenir et je fais semblant d’ignorer les Unes pourtant si joyeuses de mon journal qui continue de me persécuter.
Il faut nous donner le nom de cette parfumerie ! Vous semblez aussi être un champion de la conduite à gauche. Bravo.
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A partir de Ballyvaughan, vous prenez la N67 puis la R480, direction Ennis, jusqu’à la L1014 qui conduit à Caran d’où part la petite route pour la parfumerie. Pour être adroite, la conduite à gauche demande un peu d’attention aux ronds-points où il faut regarder à droite puisqu’on tourne à gauche. Plus généralement, quand on a le volant à gauche, il faut fixer son attention sur le bord gauche le chaussée et non sur les voitures que l’on croise de peur de se laisser gauchement attirer vers la droite.
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Merci et bonne continuation de votre voyage.
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J’aime bien ce journal de vacance… les anecdotes sont amusantes et parfois improbables …
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